Après deux ans de négociations, le président français, Emmanuel Macron, et son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, ont convenu, le mercredi 24 juillet à l'Élysée, de renouveler leur partenariat de défense.
Selon un communiqué de la présidence française, les deux chefs d'État ont "conclu les discussions sur la réforme ambitieuse du traité de coopération en matière de défense (TCMD) qui lie la France et Djibouti."
Ce traité régit la présence des militaires français à Djibouti, constituant le plus grand contingent de forces françaises à l'étranger.
"La version révisée du TCMD reflète l'excellence de la relation entre nos deux pays et la convergence de nos intérêts stratégiques," souligne l'Élysée, sans mentionner explicitement la signature d'un accord.
Cette annonce intervient alors que la France envisage de réduire sa présence militaire en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale à quelques centaines d'hommes, suite à plusieurs revers dans la région du Sahel.
Cependant, Paris a toujours exclu l'idée de réduire sa présence à Djibouti, un point d'appui stratégique crucial.
Ce petit pays d'Afrique de l'Est, apprécié pour sa stabilité dans une région instable, est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb, par lequel transite une grande partie du commerce mondial entre l'Asie et l'Occident.
Les négociations avaient été ardues jusqu'alors, Djibouti souhaitant augmenter considérablement le loyer payé par la France pour la station permanente de ses soldats.
Paris est lié à cette ancienne colonie française par des accords signés en 1977 et en 2011. Cependant, les autorités françaises n'ont commencé à payer un loyer qu'en 2003, suite à l'installation des forces armées américaines dans le pays.
Depuis 2002, les États-Unis disposent à Djibouti de leur unique base permanente en Afrique (4 000 soldats), à partir de laquelle ils mènent des opérations antiterroristes contre les Chabab somaliens et Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA).
Les Japonais et les Italiens se sont également établis à Djibouti pour lutter contre la piraterie dans la région.
La Chine, arrivée en 2017, possède aujourd'hui un port et une base militaire pour sécuriser ses vastes intérêts économiques dans la région (transports, industrie, énergie...).
Dans ce contexte de forte concurrence, les autorités djiboutiennes jugeaient la contribution forfaitaire annuelle de la France, d'environ 30 millions d'euros, insuffisante, notamment en raison des exonérations accordées à la France et à ses troupes.
Djibouti insistait depuis des mois sur la nécessité d'augmenter le loyer pour compenser ce manque à gagner, estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année.
Outre le loyer, la France assure la surveillance de l'espace aérien djiboutien. En échange, les militaires français jouissent d'une liberté d'action et d'entraînement exceptionnelle.
Dans ce petit territoire entouré de pays sous tension (Yémen, Érythrée et Somalie), les militaires français peuvent, à partir de cette base, déployer rapidement des forces en cas de crise dans la sous-région, vers l'océan Indien ou le Moyen-Orient.
Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan en avril 2023, c'est précisément de cette base que la France a coordonné une vaste opération d'évacuation des ressortissants étrangers.
Le président Guelleh reste à Paris pour assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques qui se déroule ce vendredi.
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