Jacob Zuma, surnommé le président "Teflon" en raison de sa capacité à échapper aux conséquences de ses nombreux scandales, a finalement été déclaré inéligible à l'âge de 82 ans. Ancien président de l'Afrique du Sud et figure éminente du Congrès national africain (ANC), Zuma a tenté un retour en politique à l'occasion des élections générales du 29 mai, sans succès.
Ascension et chute d'un leader controversé
Élu pour la première fois en 2009, Jacob Zuma a dirigé le pays jusqu'en 2018, année où il a été contraint à la démission par son propre parti à cause de multiples scandales de corruption.
Avant la fin de son second mandat, la pression interne de l'ANC et les accusations de mauvaise gestion et de détournement de fonds ont mis fin à sa présidence.
Après six ans d'éloignement du pouvoir et toujours impliqué dans un procès pour corruption, Zuma cherchait à retrouver une place sur la scène politique en se présentant aux élections comme tête de liste d'un nouveau parti d'opposition, uMkhonto weSizwe (MK), en hommage à l'ancienne branche militaire de l'ANC.
Le verdict de la Cour Constitutionnelle
La tentative de Jacob Zuma de revenir en politique a été stoppée net par la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction sud-africaine. Lundi, la Cour a jugé Zuma inéligible en raison d'une condamnation antérieure à la prison.
Cette décision découle de sa peine de quinze mois de prison infligée en 2021 pour avoir refusé de témoigner devant une commission d'enquête sur la corruption endémique sous son administration.
Le rapport accablant sur la corruption
Les dernières années de Jacob Zuma au pouvoir ont été marquées par des accusations de corruption à grande échelle.
En 2022, un juge a publié un rapport révélant le rôle central de Zuma dans le détournement des fonds publics.
Malgré ces révélations, Zuma continue de clamer son innocence, se défendant contre l'image de "roi des corrompus" qui lui est attribuée.
L'homme aux mille facettes
Jacob Zuma est un personnage complexe, connu pour ses talents de tacticien et son réseau influent.
Sa capacité à mobiliser un soutien populaire, notamment dans sa région natale du KwaZulu-Natal, a souvent joué en sa faveur.
En juillet 2021, son incarcération a déclenché des émeutes et des violences sans précédent depuis la fin de l'apartheid, faisant plus de 350 morts.
De vacher autodidacte à Chef d'État
Né le 12 avril 1942, Zuma a commencé sa vie comme vacher autodidacte avant de gravir les échelons de la politique.
Premier chef d'État officiellement polygame d'Afrique du Sud, il est marié six fois et père d'une vingtaine d'enfants.
Zuma a toujours été fier de ses racines zoulou et se distingue par ses talents de danseur et de chanteur.
Durant la lutte contre l'apartheid, il a passé dix ans emprisonné sur Robben Island aux côtés de Nelson Mandela, période durant laquelle il a développé une passion pour les échecs.
Après sa libération, il a dirigé les services de renseignements de l'ANC clandestin.
Une carrière jalonnée de controverses
En 1999, après l'accession de l'ANC au pouvoir, Zuma devient vice-président, se positionnant comme le défenseur des plus pauvres.
Toutefois, sa carrière a été entachée par des scandales de corruption, notamment l'utilisation de fonds publics pour des rénovations dans sa résidence privée.
En 2006, il est acquitté d'une accusation de viol, mais ses commentaires sur le VIH/SIDA lors de son procès ont choqué le pays. Il a déclaré avoir pris une douche après un rapport non protégé, croyant ainsi réduire le risque de contamination.
Cette déclaration lui a valu d'être caricaturé par le célèbre dessinateur Zapiro, avec un pommeau de douche au-dessus de sa tête.
L'Affaire des pots-de-vin et les poursuites judiciaires
Jacob Zuma est également impliqué dans une affaire de pots-de-vin datant de 1999, en lien avec le groupe français Thales.
Le procès, qui traîne en longueur, continue de ternir sa réputation. Malgré ces nombreuses affaires judiciaires, Zuma reste une figure incontournable de la politique sud-africaine, suscitant autant d'admiration que de controverse.
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