Abdelmadjid Tebboune, président sortant de l'Algérie, a été réélu pour un second mandat avec 94,65 % des voix, selon les chiffres officiels annoncés ce dimanche 8 septembre 2024. Si cette victoire écrasante au premier tour semble garantir sa légitimité, le faible taux de participation et les accusations de fraude ternissent ce triomphe apparent.
Une victoire attendue, une campagne insipide
Sans surprise, Tebboune a raflé près de 95 % des suffrages exprimés lors du scrutin du samedi 7 septembre.
Sur les 5,630 millions d’électeurs qui se sont déplacés, 5,32 millions ont voté pour le président sortant.
Cependant, la véritable question de cette élection ne résidait pas dans l'identité du vainqueur mais dans le taux de participation des 24 millions d'électeurs algériens, indicateur clé du soutien populaire.
Avec une participation de seulement 48,03 %, moins de la moitié de l'électorat s’est exprimée. Ce chiffre confirme la faible mobilisation des Algériens, un schéma qui rappelle la première élection de Tebboune en 2019, largement boycottée dans un climat marqué par les manifestations du "Hirak".
Malgré la campagne officielle du président sortant, soutenue par des moyens financiers conséquents et des promesses de réformes, la lassitude des électeurs a été palpable.
Des critiques persistantes et des doutes sur la transparence
Malgré les assurances de Mohamed Charfi, président de l'autorité électorale, sur la transparence du processus, des voix discordantes se sont élevées.
Abdelaali Hassani, l’un des rares concurrents de Tebboune, a dénoncé des "violations" et des "pressions sur certains bureaux de vote pour gonfler les résultats".
Ces accusations renforcent les critiques sur l’environnement répressif dans lequel s’est déroulé le scrutin.
L’opposition, déjà affaiblie par des obstacles administratifs lors de la phase de candidature, parle d’un climat "discriminatoire" et d’une élection verrouillée.
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a qualifié ce vote de "plus fermé depuis l’ère du multipartisme", pointant du doigt la répression persistante des droits humains et la mise sous silence des médias.
Un mandat sous tension
Cette réélection, bien que formelle, est loin de régler les tensions internes en Algérie.
La répression des voix dissidentes, l’absence d’un réel débat politique et le faible taux de participation mettent en lumière le fossé entre le pouvoir en place et une société civile en quête de changement.
Tebboune entame son second mandat dans un climat où la légitimité politique se confronte à la réalité d’une population qui se sent écartée des processus de décision.
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