Au Niger, la Cour d'État a franchi une étape décisive en levant l'immunité de l'ex-président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d'État militaire le 26 juillet 2023. Cette décision, rendue publique ce vendredi, ouvre la voie à un éventuel procès de l'ancien chef d'État, accusé de trahison, de financement et d’apologie du terrorisme.
Contexte et décisions de la Cour
La Cour d'État, récemment créée en novembre 2023 par les autorités militaires, a prononcé cette décision après avoir jugé recevable la requête introduite par le commissaire du gouvernement près du tribunal militaire.
Cette action fait suite à un désistement initial du juge d'instruction, qui avait constaté des irrégularités dans le processus.
Ses avocats n'ont pas manqué de réagir. « Plus que jamais, le Président Bazoum, séquestré avec sa femme depuis plus de 10 mois, incarne le symbole d’une démocratie laminée par des putschistes en treillis », a affirmé Me Florence Loan, bâtonnière dauphine de Côte d’Ivoire et membre du collectif. « Il est la fierté de l’Afrique ».
Les avocats de l'ancien président n'ont pas eu l'opportunité de rencontrer leur client pour préparer sa défense, dénonçant ce qu'ils appellent une "parodie de justice".
Accusations et contexte politique
Mohamed Bazoum est accusé de complot d’attentat contre la sécurité et l’autorité de l’État, crime de trahison, ainsi que de faits présumés d’apologie et de financement du terrorisme.
Depuis sa destitution, il est retenu au palais présidentiel avec son épouse Hadiza. Leur fils Salem a été libéré en janvier dernier grâce à une médiation togolaise.
Ces accusations et la levée de son immunité plongent le Niger dans une situation politique délicate.
La cour avait initialement prévu de rendre cette décision le 7 juin, mais des suspensions de séance ont repoussé le verdict.
Les avocats de Bazoum, en signe de protestation, ont quitté la salle, mettant en cause l’équité du procès.
Réactions et conséquences
Cette décision est perçue comme une confirmation de la détermination des autorités militaires à poursuivre l'ancien président en justice.
Cependant, elle suscite également des préoccupations quant à l'indépendance du système judiciaire nigérien sous le régime militaire.
Les partisans de Bazoum voient dans cette action une tentative de légitimation de l'actuel pouvoir en place, tandis que ses détracteurs estiment qu'il doit répondre de ses actes devant la justice.
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