Aurélien Agbénonci tacle encore Patrice Talon

Aurélien Agbénonci, ancien ministre des Affaires étrangères du Bénin, a profité de sa participation au Forum de Crans Montana à Bruxelles pour s’exprimer sur des sujets brûlants concernant la gouvernance en Afrique. Limogé en mai 2023 du gouvernement de Patrice Talon, Agbénonci a pris ses distances avec son ancien patron en adoptant des positions critiques sur plusieurs questions clés.

Une vision positive de l'Alliance des États du Sahel

Dans son intervention, Aurélien Agbénonci a salué les efforts déployés par l'Alliance des États du Sahel (AES), une organisation souvent critiquée.

Pour Agbénonci, l’AES représente une collaboration stratégique entre trois États décidés à « travailler ensemble et à survivre ensemble ».

Il a insisté sur l'importance de comprendre cette alliance sous un jour plus favorable, mettant en avant la solidarité et la détermination de ses membres à surmonter les défis communs.

Critique des "coups d'État institutionnels"

L'ex-ministre a également profité de cette tribune pour dénoncer les dérives politiques en Afrique, pointant du doigt les dirigeants qui manipulent les lois pour se maintenir au pouvoir.

« Lorsque les États s’engagent à sanctionner les coups d’État militaires, ils oublient quelque chose : les coups d’État institutionnels. Au niveau de la population, les valeurs sont les mêmes ».

Une critique à peine voilée à la plupart des chefs d'État de la Cédéao, soulignant que ces pratiques sont tout aussi préjudiciables à la stabilité et à la démocratie.

Le tacle à la CEDEAO

Agbénonci n’a pas mâché ses mots en critiquant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour les sanctions imposées au Niger après un coup d’État.

Il a affirmé que ces sanctions ne devraient jamais affecter la dimension humanitaire, rappelant que « les États doivent respecter les règles qu’ils se donnent.

Quelle que soit la situation, on ne touche pas à la dimension humanitaire. On ne peut prendre des sanctions qui pourraient conduire à la mort de bébés, de femmes ou à la destruction de populations innocentes ».

Un appel à la réévaluation des approches régionales

Agbénonci a appelé à une réévaluation des perceptions de l’AES et des stratégies adoptées par des organisations comme la CEDEAO.

Il a plaidé pour des approches qui tiennent compte des réalités locales et qui favorisent la stabilité et la coopération régionale tout en minimisant les impacts humanitaires négatifs des sanctions.

Une prise de distance de plus en plus marquée

Cette prise de parole marque une nouvelle étape dans la prise de distance d’Aurélien Agbénonci avec le président Patrice Talon, dont il fut pourtant un collaborateur fidèle durant de nombreuses années.

Sa critique ouverte des politiques de la CEDEAO et sa défense de l'AES contrastent avec la position plus rigide de Talon sur ces questions, suggérant une divergence de vues de plus en plus nette entre les deux hommes.

En adoptant une position nuancée et critique, Aurélien Agbénonci se positionne comme une voix importante et indépendante dans le paysage politique ouest-africain, offrant une perspective différente sur les défis et les dynamiques régionales.