Bénin : cette menace silencieuse qui vient de Russie

Navire sur les côtes.

Fin septembre, au large de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, la marine française a intercepté un pétrolier russe présenté à tort comme battant pavillon béninois.

L’incident, survenu dans les eaux françaises, a été rapidement élucidé, mais il a révélé une réalité plus sournoise : le Bénin se retrouve, malgré lui, entraîné dans une guerre économique mondiale où les pavillons africains sont utilisés comme couverture par les réseaux de la “dark fleet” russe.

Derrière ce terme se cache une flotte fantôme de plus de 800 navires transportant clandestinement du pétrole russe, en contournant les sanctions imposées depuis 2022.

Ces navires, souvent vieillissants et mal entretenus, changent fréquemment de nom, de propriétaire et surtout de pavillon pour échapper à tout contrôle.

Dans cette manipulation mondiale, le drapeau béninois a été usurpé, comme d’autres pavillons africains, pour masquer des activités illégales.

Un risque diplomatique et d’image pour Cotonou

Le danger n’est pas territorial mais diplomatique. Être associé, même indirectement, à des opérations de contournement de sanctions internationales expose le Bénin à un risque de réputation vis-à-vis de ses partenaires occidentaux.

Dans un contexte mondial tendu, où chaque État doit prouver la fiabilité de son registre maritime, une telle confusion peut créer des soupçons injustes et fragiliser la confiance.

Ce type d’usurpation met en lumière les défis de la gouvernance maritime internationale, où certains opérateurs peu scrupuleux exploitent les failles administratives des registres pour leurs intérêts économiques.

Pour le Bénin, la priorité est donc de préserver son image d’État responsable et rigoureux dans la gestion de son pavillon.

Le Bénin, un acteur déjà engagé dans la sécurité maritime

Contrairement à ce que certains pourraient penser, le Bénin n’a pas attendu cet incident pour réagir.

Depuis plusieurs années, le pays a pris très au sérieux la question de la sécurité maritime et du contrôle de son espace côtier.

Ses initiatives s’inscrivent dans une stratégie globale de protection de la souveraineté nationale et de lutte contre les menaces en mer, qu’elles soient liées à la piraterie, au terrorisme ou aux trafics internationaux.

Des capacités militaires et technologiques renforcées

Le gouvernement béninois a investi dans la modernisation de sa marine avec l’acquisition de nouveaux navires destinés à renforcer sa flotte et à améliorer ses capacités opérationnelles.

Les autorités ont également déployé des technologies de surveillance de pointe, permettant de mieux contrôler les eaux territoriales et de détecter les mouvements suspects.

Pour soutenir ces efforts, le budget de la défense a été augmenté de 18 % en 2025, témoignant d’une volonté politique forte.

Des exercices et formations réguliers permettent désormais d’améliorer la réactivité des forces armées.

Ceci, notamment à travers des simulations d’interventions d’urgence en mer.

Une coopération internationale stratégique

La sécurité maritime béninoise repose aussi sur une coopération étroite avec des partenaires internationaux.

Le Bénin collabore avec les États-Unis pour renforcer son interopérabilité et sa capacité d’action.

Au niveau régional, il participe activement aux programmes issus du Processus de Yaoundé, qui vise à coordonner la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée.

Enfin, la France soutient le Bénin à travers l’opération CORYMBE, un dispositif de coopération maritime qui inclut des patrouilles conjointes et des exercices de formation, selon le Ministère des Armées.

Préserver l’intégrité du pavillon béninois

L’affaire du navire intercepté à Saint-Nazaire n’est pas un scandale béninois, mais un rappel brutal des dérives possibles du système maritime international.

Elle souligne la nécessité pour les États de veiller à la fiabilité de leurs registres et à la protection de leur identité maritime.

Pour le Bénin, l’enjeu est clair : continuer à assainir et sécuriser son pavillon afin qu’aucune puissance étrangère ne puisse s’en servir comme couverture pour des activités illicites.

Un pays vigilant face aux menaces invisibles

Le Bénin ne subit pas cette menace, il s’y prépare. Grâce à ses investissements, à sa diplomatie proactive et à ses alliances, le pays s’impose comme un acteur crédible et responsable de la sécurité maritime régionale.

Dans un monde où les mers sont devenues le théâtre discret de rivalités économiques et géopolitiques, Cotonou veille à rester du bon côté de l’Histoire.

Celui de la transparence, de la souveraineté et de la vigilance.

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