Bénin/l'armée à la tête de l'État : cet avertissement venu du Burkina
- Towanou Johannes
- Jan 12
- 3 min read

Dans un contexte où le Bénin fait face à une montée inquiétante de la menace terroriste, Newton Ahmed Barry, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au Burkina Faso, livre un message poignant. Pour lui, l'expérience de la démocratie, quoique imparfaite, reste toujours meilleure aux régimes militaires.
Un avertissement contre la tentation militaire
Dans une longue déclaration, Newton Ahmed Barry met en garde les Béninois contre une dérive militaire en réaction à la crise sécuritaire actuelle.

Il alerte :
"Chers frères du Bénin, croyez-moi. Votre immense douleur, nous la comprenons pour être passés par là. Cependant, faites beaucoup attention à ne pas lâcher la proie pour l’ombre."
Barry dépeint les régimes militaires comme des mirages séduisants mais destructeurs.
Pour lui, ces régimes aggravent la situation sécuritaire et étouffent les libertés :
"Les régimes militaires dans l’AES sont dans une compétition jamais vue, de vol et de détournement des deniers publics. [...] Chez nous, au Burkina Faso, jamais un régime n’a été aussi voleur que celui d’Ibrahim Traoré."
Son propos vise également à rappeler que le choix de la démocratie, bien que fragile et imparfaite, reste préférable à des dictatures militaires inhumaines.
Une analyse empreinte d’amertume ?
Si Newton Ahmed Barry tire la sonnette d’alarme avec autant de véhémence, certains observateurs y voient une forme d’amertume.
Son passage à la tête de la CENI du Burkina Faso fut marqué par des tensions et des accusations de partialité, notamment lors des élections de 2020.
Depuis son départ, sa voix critique à l’encontre de la transition militaire au Burkina Faso a gagné en intensité.
Cette posture soulève des questions : son regard sévère sur la gestion actuelle du Burkina Faso est-il totalement impartial ?
Ou reflète-t-il les frustrations d’un homme qui, ayant perdu sa place dans les cercles décisionnels, s’oppose désormais avec virulence ?
AES : Leçons à tirer des expériences voisines
L’analyse de Barry, bien que partiale, contient des vérités incontestables.
Les expériences du Mali, du Niger et du Burkina Faso montrent que l’avènement de régimes militaires n’a pas apporté la stabilité escomptée.
Les attaques djihadistes persistent et s’intensifient, comme en témoigne la situation dans ces pays.
Cependant, attribuer tous les maux aux militaires serait simpliste.
Les crises sécuritaires dans la région sont le fruit de dynamiques complexes, mêlant faiblesse étatique, ingérences étrangères et fractures sociales.
Barry omet de souligner que ces militaires, bien que critiquables, ont également hérité de situations désastreuses laissées par des régimes civils incapables de répondre aux défis.
Le Bénin face à son choix
Pour le Bénin, le message clé reste clair : éviter de céder à la tentation du coup d’État ou de la militarisation du pouvoir.
Comme l’explique Barry :
"Pour triompher du terrorisme, vous devez être soudés. Toute division vous fragilise et fait l’affaire des terroristes de toute sorte."
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