Le Port autonome de Lomé continue de dominer la scène portuaire en Afrique de l’Ouest, marquant une quatrième année consécutive en tant que leader incontesté de la région.
Selon le classement de la revue britannique Lloyd’s List publié le 12 août 2024, le port togolais s’impose comme une plaque tournante du commerce maritime, avec un trafic atteignant 1,91 million d’EVP (équivalent vingt pieds), positionnant le Togo à la cinquième place sur l’ensemble du continent africain.
En revanche, le Port autonome de Cotonou, autrefois un acteur majeur dans la sous-région, peine à maintenir son rang.
Occupant désormais la 402e place mondiale et la 50e en Afrique, selon le rapport 2023 de la Banque mondiale, Cotonou illustre un contraste frappant avec Lomé.
Alors que le port togolais poursuit sa trajectoire ascendante, celui du Bénin s’enlise dans une spirale descendante.
Lomé : une ascension stratégique
Le Port autonome de Lomé ne se contente pas de sa domination en Afrique de l’Ouest.
Sur l’ensemble du continent africain, il se classe juste derrière des géants comme Tanger Med au Maroc (8,61 millions EVP) et Durban en Afrique du Sud (2,54 millions EVP).
Ces performances exceptionnelles sont le fruit de réformes ambitieuses initiées par le gouvernement togolais sous la direction du président Faure Essozimna Gnassingbé, qui ont transformé le port en un véritable hub logistique.
Les investissements massifs dans les infrastructures, la digitalisation des opérations et l’amélioration des procédures de gestion du fret ont permis à Lomé de se hisser au 93e rang mondial, surpassant des ports réputés comme Yeosu Gwangyang en Corée du Sud ou Southampton au Royaume-Uni.
La mise en service en mars 2023 de la deuxième phase du Lomé Container Terminal (LCT), un projet de 400 millions d’euros, a renforcé cette dynamique en augmentant la capacité de traitement à 2,2 millions d’EVP par an, avec un objectif de 3 millions à long terme.
Le port de Lomé, seul port naturel en eau profonde de la sous-région, joue un rôle crucial dans le transbordement pour les pays de l’hinterland et sert de relais stratégique pour de nombreux États le long du Golfe de Guinée.
Cette position privilégiée attire les investisseurs et consolide le Togo comme un acteur incontournable du commerce maritime en Afrique.
Cotonou : le déclin d’un pilier régional
À l’opposé, le Port autonome de Cotonou continue de décliner, une situation alarmante pour le Bénin.
En 2022, le port se classait encore 330e au niveau mondial et 40e en Afrique, mais en 2023, ces positions ont chuté respectivement à 402e et 50e, marquant une perte de compétitivité notable.
Plusieurs facteurs expliquent ce déclin : des infrastructures insuffisantes, un manque d’investissements, et une gestion des opérations portuaires inefficace.
De plus, la fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger a exacerbé la situation. Le rapport de la Banque mondiale pointe également la congestion du port, la lenteur des procédures douanières et le manque de modernisation comme des obstacles majeurs à la reprise de Cotonou.
Cette baisse de régime pourrait avoir des conséquences économiques lourdes pour le Bénin, notamment une diminution des revenus générés par les activités portuaires et une perte d’influence dans le secteur du commerce maritime régional.
Toutefois, il est important de mentionner que des projets sont actuellement en cours notamment pour l'extension du port autonome de Cotonou, la construction du terminal 5 ou encore une zone logistique, toutes choses dont l'objectif est de permettre à l'infrastructure portuaire de retrouver son lustre d'antan.
Deux ports, deux avenirs
Le contraste entre les performances des ports de Lomé et de Cotonou est un indicateur clé des dynamiques économiques en Afrique de l’Ouest.
Le Togo, avec un port en pleine expansion, se positionne comme un leader régional, attirant les investisseurs et consolidant son rôle dans le commerce international.
Le Bénin, en revanche, doit urgemment redresser la barre pour éviter que son port ne devienne un maillon faible dans la chaîne logistique ouest-africaine.
Ainsi, le succès du port de Lomé souligne l’efficacité des stratégies de développement portuaire bien pensées, tandis que le déclin de Cotonou rappelle l’importance de l’investissement et de la modernisation pour maintenir la compétitivité dans un secteur crucial pour l’économie régionale.
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