Blé Goudé lâche une bombe sur Nady Bamba, le PPA-CI et Laurent Gbagbo
- Towanou Johannes
- 2 days ago
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La scène politique ivoirienne vient de connaître un nouveau séisme.
Invité sur la chaîne NCI dans l’émission La Quotidienne Info, Charles Blé Goudé, ancien leader de la galaxie patriotique et figure historique du camp Gbagbo, a livré une série de révélations qui reconfigurent complètement la compréhension du fonctionnement interne du PPA-CI.
Au-delà des anecdotes, son intervention expose un conflit d’influence d’une rare intensité, avec au cœur de la polémique un nom : Nady Bamba, l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo.
Un siège au centre des tensions : la maison de Nady Bamba
Dès les premières minutes, Blé Goudé entrouvre une porte rarement ouverte au public.
Celle des coulisses de la crise ayant opposé Pascal Affi N’Guessan à Laurent Gbagbo.
Il révèle d’abord que l’ancien siège du FPI, aujourd’hui occupé par le PPA-CI, n’a jamais appartenu ni au parti ni à ses dirigeants :
« L’ancien siège du FPI, devenu aujourd’hui le siège du PPA-CI, appartient en réalité à Nady Bamba. Lorsqu’il y a eu des tensions entre Pascal Affi N’Guessan et le Président Laurent Gbagbo, Nady Bamba a exigé qu’Affi libère les lieux. »
Selon lui, cette intervention directe de l’épouse de Gbagbo avait placé l’ancien président dans une situation délicate :
« Le Président Gbagbo, embarrassé par la situation, m’a personnellement chargé d’intervenir pour trouver une solution. »
Blé Goudé affirme avoir joué les médiateurs, dans un contexte où la maison, devenue un symbole politique, se retrouvait au cœur de rivalités internes.
Une commission refusée et un appel
Après l’expulsion d’Affi N’Guessan, explique-t-il, Nady Bamba lui aurait témoigné sa gratitude. Mais l’épisode prend une tournure inattendue.
« Une fois la maison récupérée, elle m’a remerciée et m’a dit que j’aurais une bonne commission quand elle aura vendue la maison. Je lui dis que je ne voulais pas de la commission et j’ai conseillé à Nady de ne pas ramener les conflits extérieurs ici en prison, car cela perturbait beaucoup le Président Gbagbo. »
Son refus d’accepter la commission et son conseil adressé à Nady Bamba auraient été, selon lui, le point de bascule dans leurs relations.
« Depuis ce jour, les choses ont radicalement changé »
C’est à partir de là que, selon Blé Goudé, une hostilité ouverte se serait installée.
Il raconte avoir reçu un message glaçant par l’intermédiaire de l’un de ses anciens collaborateurs :
« Alors que nous étions en liberté provisoire, elle a envoyé mon ancien directeur de cabinet pour me transmettre un message. Il m’a dit, je cite : “Nady dit de te dire que tant qu’elle sera en vie, tu ne pourras jamais avoir accès au Président Gbagbo, tu le feras qu’à la télé ou dans la presse. Elle aura ta peau.” »
Cette phrase, d’une extrême violence politique, résume à elle seule l’ampleur de la fracture désormais consommée.
Un parti dirigé par un « cercle restreint » : Blé Goudé met les pieds dans le plat
Pour Blé Goudé, la direction réelle du PPA-CI ne correspond plus à sa façade officielle.
Il accuse frontalement :
« Aujourd’hui, c’est Nady Bamba et son cercle restreint qui dirigent véritablement le parti. »
Il dépeint un parti verrouillé par des loyalistes, tandis que d’anciens cadres sont, selon lui, maintenus à distance ou en difficulté judiciaire :
« La plupart des anciens cadres du FPI (d’alors) sont en prison, à l’exception de ceux qui lui sont proches. Il y a un noyau d’infiltrés qui ont pris position du parti, et ce sont les mêmes qui aujourd’hui sont candidats aux législatives (les Stéphane Kipré et autres). »
Cette accusation renforce le narratif d’un appareil politique entièrement reconfiguré autour de Nady Bamba après le retour de Gbagbo.
La question du retrait annoncé de Laurent Gbagbo : deux versions contradictoires
Blé Goudé revient ensuite sur un épisode politique récent : l’annonce par Laurent Gbagbo de son retrait de la vie politique après les législatives.
Pour lui, cette décision était claire, mais elle aurait été contredite immédiatement par Nady Bamba :
« Le Président Gbagbo a dit qu’il allait se retirer après les législatives, quelques jours plus tard elle vient dire que ce n’est pas ce qu’il voulait dire. »
Une contradiction qui, selon Blé Goudé, s’inscrit dans un schéma plus large de contrôle de la parole de l’ancien chef d’État.
Tentatives de rencontre avec Gbagbo : “toujours un échec”
L’ancien ministre de la Jeunesse détaille ensuite ses démarches répétées pour rencontrer Laurent Gbagbo depuis leur libération.
Toutes, selon lui, ont été bloquées :
« J’ai essayé par tous les moyens de rencontrer le Président Gbagbo, ça a été toujours un échec. »
Pour Blé Goudé, ces obstacles ne doivent rien au hasard.
Ils seraient le résultat d’une volonté délibérée d’isoler Gbagbo de certaines figures historiques.
Cyberactivisme, diffamation et stratégie de disqualification
Il accuse aussi Nady Bamba d’avoir orchestré une campagne numérique de dénigrement contre lui :
« Nady a activé ses cyber-activistes pour pondre un narratif pour salir mon image. »
Cette bataille numérique aurait contribué à renforcer dans l’opinion une image qui ne correspond pas à la réalité selon lui.
« Elle peut porter plainte » : Blé Goudé défie Nady Bamba
La conclusion de sa déclaration est un défi direct lancé à celle qui, selon lui, a verrouillé l’accès au fondateur du FPI :
« Elle peut porter plainte contre moi si elle pense que je ne dis pas la vérité et je suis prêt à aller à ce procès pour rétablir toute la vérité. »
Une phrase lourde de sens, qui positionne Blé Goudé dans un bras de fer désormais public, assumé et frontal.
Un tournant majeur dans la vie du PPA-CI
Les propos de Charles Blé Goudé ne sont pas de simples critiques.
Ils marquent une rupture politique et humaine profonde avec une partie du cercle historique du camp Gbagbo.
Son intervention révèle une lutte d’influence au sommet du parti, un Laurent Gbagbo présenté comme isolé ainsi qu'un rôle central attribué à Nady Bamba.
Sa sortie dévoile aussi une recomposition interne accusée d’être menée par un noyau fermé et une exclusion délibérée de certaines figures historiques.
Cette sortie, d’une franchise rare dans la politique ivoirienne, ouvre désormais la porte à une recomposition plus large.
Elle relance aussi les interrogations sur l’avenir du PPA-CI, le rôle réel de son fondateur et la place de ceux qui, hier encore, apparaissaient comme ses piliers.
