Burkina / limogeage de l'exécutif: Ibrahim Traoré fait-il du surplace ?

Rimtalba Ouédraogo / Premier Ministre du Faso

Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a désigné Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo comme nouveau Premier ministre du Burkina Faso. L’annonce a été faite samedi 6 décembre 2024 à la télévision nationale par le secrétaire général du gouvernement, Mathias Traoré. Cette nomination intervient dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement délicat.

Un changement stratégique à la tête du gouvernement

Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo succède à Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, démis de ses fonctions le 6 décembre 2024.

Ancien Ministre d'État, Ministre de la Communication, de la Culture et du Tourisme, et porte-parole du gouvernement, Ouédraogo est considéré comme une figure politique expérimentée et proche du capitaine Ibrahim Traoré.

Son parcours au sein de l’appareil gouvernemental en fait un acteur clé du paysage politique burkinabè.

Il a notamment joué un rôle central dans la gestion des crises internes et dans la communication stratégique du régime de transition.

Sa nomination semble refléter la volonté de renforcer l’efficacité du gouvernement et d'améliorer sa capacité à répondre aux défis pressants auxquels le pays est confronté.

Dans un geste de courtoisie politique, l’ex-Premier ministre, Dr Apollinaire Kyélem de Tambèla, a adressé un message chaleureux à son successeur :

« Cher Jean Emmanuel Ouédraogo. C’est avec une immense joie que je te félicite pour ta nomination en tant que Premier ministre du Burkina Faso. »

Il a ajouté :

« Ce moment marque le début d’un nouveau chapitre pour notre pays, et je suis convaincu que ta passion, ton intégrité et ton dévouement seront des atouts précieux pour notre peuple. »

Une nouvelle équipe gouvernementale en place

Le nouveau gouvernement de Rimtalba Ouédraogo a été officiellement dévoilé ce dimanche 8 décembre 2024 à partir de 20h00.

Quatre nouveaux ministres font leur entrée : le Général Célestin Simporé, ancien Chef d’État-Major Général des Armées, devient ministre de la Défense et des Anciens Combattants.

Mathias Traoré, ancien Secrétaire Général du gouvernement, occupe désormais le poste de ministre de la Fonction Publique et de la Protection Sociale.

Pengdwendé Gilbert Ouédraogo, ancien Directeur de la Communication de la Présidence, est nommé ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme.

Le Commandant Passowendé Pélagie Kabré/Kaboré est désignée ministre de l’Action Humanitaire et de la Solidarité Nationale.

Les départs notables incluent Bassolma Bazié, ancien ministre de la Fonction Publique, le Général Kassoum Coulibaly, ex-ministre de la Défense et des Anciens Combattants, ainsi que Nandy Somé / Diallo, ex-ministre de l’Action Humanitaire.

Défis sécuritaires persistants

Le Burkina Faso continue de faire face à une grave crise sécuritaire, marquée par des attaques répétées de groupes armés affiliés à al-Qaida et à l'État islamique.

Ces violences ont causé des milliers de morts et forcé le déplacement de plus de deux millions de personnes, dont la moitié sont des enfants.

Le gouvernement de Rimtalba Ouédraogo devra prioriser la lutte contre le terrorisme et la stabilisation des régions les plus touchées.

Une diplomatie tournée vers l’Afrique

Sur le plan international, le Burkina Faso s'est éloigné de ses partenaires traditionnels comme la France et la CEDEAO.

Ceci, au profit d'alliances régionales avec des pays partageant les mêmes réalités sécuritaires, notamment le Mali et le Niger.

Cette stratégie vise à renforcer la coopération militaire et sécuritaire en Afrique de l’Ouest, tout en affirmant une politique étrangère plus indépendante.

Une nouvelle ère ou un simple ajustement ?

La nomination de Rimtalba Ouédraogo, ancien journaliste et ex porte-parole du gouvernement, représente-t-elle un réel tournant dans la gestion de la transition burkinabè ?

Certains analystes estiment que son expertise en communication pourrait contribuer à améliorer la transparence du gouvernement et à restaurer une certaine confiance auprès de la population.

Toutefois, sa capacité à gérer efficacement les multiples crises reste à prouver dans un environnement où la communication seule ne suffit pas.

Par ailleurs, le remaniement gouvernemental, avec seulement quatre nouvelles entrées pour trois départs, suscite des interrogations.

Cet ajustement est-il suffisant pour insuffler un nouvel élan ou corriger les dysfonctionnements existants ?

Si certaines nominations stratégiques, notamment à la Défense et à l’Action Humanitaire, semblent répondre aux priorités sécuritaires et sociales, la composition globale du gouvernement pourrait manquer d’audace pour provoquer un changement profond.

Le futur proche dira si cette nouvelle équipe saura relever les immenses défis qui l’attendent.