Bénin/Nigeria: à Sèmè-Kraké, Dr Alieu Touray face à la réalité du terrain
- Towanou Johannes
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Le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, a effectué une visite de terrain au Poste de Contrôle Juxtaposé (PCJ) de Sèmè-Kraké, à la frontière entre le Bénin et le Nigeria. Ce déplacement, effectué par voie terrestre depuis le Nigeria, visait à observer concrètement les conditions de voyage des usagers, des transporteurs, des commerçants et des différents corps en poste sur ce site stratégique de la sous-région.
« Ce que j’ai vu me plaît, mais il y a beaucoup à faire »
Tout au long de sa visite, le Président Touray a pris le temps d’échanger directement avec les chauffeurs de bus inter-États, les commerçantes, les syndicats de transporteurs, les représentants des douanes, de la police, des eaux et forêts, ainsi que le personnel technique du poste.

À l’issue de ses observations, il a livré un constat nuancé mais engageant :
« Vu ce que nous avons ici, comme infrastructures, je vois le potentiel. Je remarque que la population bouge beaucoup plus facilement, mais il y a beaucoup à faire. J’ai vu des infrastructures ou des machines qui ne fonctionnent pas et il faut qu’on règle tout ça. »
« Parce que c’est une chose importante pour la communauté, et la population doit être soutenue ou bien aidée à traverser facilement. Ce que j’ai vu là, ça me plaît, mais je sais qu’il y a beaucoup à faire encore, et nous allons y travailler. La CEDEAO compte améliorer les conditions de voyage pour les biens et les personnes. »
Dysfonctionnements à résoudre
Cependant, plusieurs dysfonctionnements subsistent au PCJ de Sèmè-Kraké.
La partie nigériane a soulevé des problèmes récurrents tels que le manque d'eau et d'électricité, obligeant le Nigeria à compter sur le Bénin pour l'approvisionnement en électricité.
En cas de coupure, le poste est plongé dans l'obscurité, ce qui gêne gravement les opérations.
Un autre problème majeur concerne les scanners, qui ne fonctionnent pas, compliquant le traçage des différentes marchandises et véhicules.
Ce que le scanner détecte, il est difficile pour les agents de le discerner à l'œil nu, laissant place à de nombreuses incertitudes dans les contrôles.
La partie nigériane a également suggéré que l’anglais soit désormais fortement encouragé, voire exigé, au Bénin pour les personnes amenées à travailler au poste, tandis que le français devrait être impérativement utilisé côté nigérian.
Cette mesure serait essentielle pour favoriser l'entente, la compréhension et l'efficacité dans la coordination des actions sur le terrain.
Le PCJ de Sèmè-Kraké : un maillon clé du corridor Lagos-Abidjan
Le Poste de Contrôle Juxtaposé (PCJ) de Sèmè-Kraké joue un rôle stratégique crucial dans la facilitation du commerce et de la mobilité entre le Bénin et le Nigeria, deux des plus grandes économies de l'Afrique de l'Ouest.

Ce poste est un élément central du corridor Lagos-Abidjan, un axe commercial majeur pour la région, qui assure le passage de milliers de personnes et de marchandises chaque jour.
Grâce à cette infrastructure, les processus de contrôle douanier, de sécurité et de gestion des flux migratoires sont sensés être plus fluides et coordonnés, mais plusieurs défis demeurent.
Bien que le poste soit une porte d’entrée essentielle pour les échanges régionaux, ses dysfonctionnements actuels, freinent son bon fonctionnement.

Ces problématiques, si elles ne sont pas rapidement résolues, risquent de nuire à la capacité du PCJ à remplir pleinement sa mission de simplification des échanges et de renforcement de la sécurité aux frontières.
Le Protocole de libre circulation : Entre progrès et nécessité de régulation
Le Protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des services, adopté en 1979, demeure un pilier de l'intégration économique de la CEDEAO.
Cependant, Dr. Touray a rappelé que ce protocole ne signifie pas une absence de régulation ou de documentation.

« La libre circulation ne signifie pas l'absence de documentation, » a-t-il insisté.
Il a souligné que, bien que le Protocole vise à faciliter la mobilité des citoyens et des commerçants, des contrôles de sécurité, des vérifications douanières et des papiers d'identité appropriés demeurent indispensables pour garantir à la fois la fluidité des échanges et la sécurité des États membres.
La genèse du Protocole remonte à l'adoption de la Charte de la CEDEAO, et il s'inscrit dans l'objectif global de créer un espace économique régional sans frontières.

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