Bénin/Présidentielle 2026: Daniel Edah interpellé par Loukman Tidjani

Loukman Tidjani / Acteur Politique

Lettre ouverte de Loukman Tidjani : le premier candidat déclaré interpellé sur ses ambitions et ses zones d’ombre

À peine sa déclaration de candidature rendue publique via une vidéo sur sa page Facebook officielle, Daniel Edah, premier à se lancer dans la course à la présidentielle de 2026, est déjà confronté à une première interpellation publique de taille. Et elle vient de l’intérieur du camp présidentiel.

Loukman Tidjani, jeune acteur politique membre de la mouvance soutenant le président Patrice Talon, a publié une lettre ouverte respectueuse mais incisive, dans laquelle il salue l’engagement de l’ancien fonctionnaire international tout en l’appelant à clarifier plusieurs zones d’ombre de sa démarche.

Entre admiration et mise en garde

L’entrée en matière est respectueuse, presque fraternelle. Loukman Tidjani reconnaît en Daniel Edah une figure d’engagement public et républicain, qu’il dit suivre depuis ses débuts dans le monde associatif.

Il loue son ambition renouvelée pour 2026, semblable à celle exprimée en 2015, de « faire du Bénin un pays économiquement prospère et socialement stable ».

Mais très vite, le ton devient plus analytique, voire critique, et plusieurs défis sont posés à la candidature de celui qui reste à ce jour le premier prétendant officiellement en lice.

Trois grands défis pointés du doigt

Premier défi : les parrainages.

Loukman Tidjani souligne la difficulté pour Daniel Edah d’obtenir les 16 parrainages requis, notamment en raison de ses critiques répétées à l’endroit de la gouvernance actuelle et de sa relative marginalisation dans les dynamiques de l’opposition.

"Comment le président du parti Les Démocrates pourrait-il vous soutenir au détriment des figures historiques comme Houndété ou Achade ?"

Deuxième défi : la notoriété et la mobilisation.

Le jeune acteur politique estime que Daniel Edah reste méconnu du grand public et isolé, sans structure politique visible pour porter sa candidature.

Troisième défi : le programme.

Là, Loukman se montre plus optimiste. Fort de son expérience de consultant et de diplomate, Edah a, selon lui, les ressources intellectuelles pour bâtir une vision cohérente.

Mais encore faut-il que cette vision soit traduite dans un programme détaillé, réaliste et inspirant.

Une série de questions politiques directes.

Dans la seconde partie de sa lettre, Loukman Tidjani formule des interrogations précises et profondes, qui touchent à la fois la légalité de la démarche, son opportunité politique et ses implications morales :

Pourquoi avoir déclaré sa candidature sans colistier, alors que la réforme constitutionnelle de 2019 l’impose ?

Compte-t-il faire campagne sans exiger la révision des conditions d’exclusion dénoncées par l’opposition ?

À quels élus s’adresse-t-il pour les parrainages ? Ceux de la mouvance ou de l’opposition ? Et que penserait l’opinion d’un soutien issu du camp Talon ?

Quelle position claire sur les "détenus politiques" et les "exilés" ? Des libérations sont-elles prévues ?

Par quels mécanismes ? Dialogue avec les institutions ? Amnistie ?

Quelle stratégie pour réintégrer les figures politiques en exil, aujourd’hui marginalisées ?

"Nos compatriotes ont besoin de certitudes, pas de promesses vagues", martèle-t-il, appelant à des engagements clairs et assumés.

Une lettre qui ouvre le débat

Par ce texte, Loukman Tidjani ne cherche pas à discréditer Daniel Edah, mais à poser les bases d’un débat politique sérieux, exigeant et transparent.

Pour lui, les enjeux de 2026 sont trop importants pour être survolés.

Et dans un contexte où aucun candidat n’a encore été désigné ni dans la mouvance présidentielle, ni dans le principal parti d’opposition Les Démocrates dirigé par Boni Yayi, la sortie d’Edah crée une brèche dans le silence.

Même Patrice Talon a récemment déclaré que le débat sur sa succession ne devrait s’ouvrir que six mois avant le scrutin.

Daniel Edah, seul en piste pour l’instant, est désormais interpellé. La balle est dans son camp.

#DanielEdah #LoukmanTidjani