Alors que les rumeurs sur l’état de santé du président camerounais Paul Biya continuent d'alimenter les spéculations, un télégramme officiel attribué au chef de l’État a été publié sur la page X du Cabinet civil de la présidence.
Ce message félicitait Taye Atske-Selassie pour son élection à la présidence de la République Démocratique Fédérale d’Éthiopie.
L’ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères, en poste depuis février 2024, a été investi pour un mandat de six ans, à la suite de la fin du mandat de Sahle-Work Zewde, présidente depuis 2018.
Cependant, un détail notable a suscité des interrogations : l'absence de la signature emblématique de Paul Biya, une rupture troublante avec 42 ans de pratiques protocolaires rigoureuses.
Une communication qui entretient les doutes
La diffusion d'un message non signé est inédite et rompt avec les protocoles de la présidence camerounaise, où chaque communication officielle du président est soigneusement encadrée.
Ce choix inhabituel pourrait refléter un malaise plus profond au sommet de l'État. Si le président était réellement en mesure d'assumer ses fonctions, il aurait été logique de respecter les usages en apposant sa signature, renforçant ainsi l'impression d'un chef toujours aux commandes.
Une stratégie pour maintenir le flou ?
Le recours à une communication indirecte pourrait être une tentative délibérée de la présidence pour maintenir le flou autour de l'état de santé du président.
En diffusant un message sous couvert du Cabinet civil, les autorités cherchent peut-être à envoyer un signal rassurant tout en évitant de donner des gages concrets sur la présence effective de Paul Biya.
Ce flou entretenu pourrait être une manière de préparer progressivement l'opinion publique à une potentielle transition ou à des changements au sommet de l'État, sans créer un choc brutal.
Le spectre de l'incertitude
Ce télégramme vient exacerber les inquiétudes dans un contexte où le silence du chef de l'État s’éternise.
Depuis sa dernière apparition publique début septembre, les absences de Paul Biya aux événements internationaux de premier plan, tels que l'Assemblée générale de l'ONU ou le sommet de la Francophonie, ont alimenté les spéculations.
L'interdiction récente par le ministre de l'Administration territoriale des débats sur la santé du président, ajoutée à l'absence de mises à jour officielles sur sa situation, ne fait qu'aggraver les doutes sur l'état de santé du président et les perspectives d'une éventuelle succession.
Une crise de confiance en toile de fond
Pour le public camerounais, cette communication ambigüe ne fait qu'alimenter la méfiance.
La stratégie actuelle, fondée sur le silence et les démentis vagues, pourrait finalement se retourner contre les autorités en alimentant des spéculations toujours plus vives.
Si la présidence cherche à éviter une crise politique majeure, elle devra rapidement clarifier la situation, sous peine de voir l’incertitude actuelle se transformer en une véritable crise de légitimité.
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