Ce 6 novembre, les Camerounais célèbrent les 42 ans d’accession au pouvoir de Paul Biya, un événement marquant pour le RDPC, parti dominant, qui met en avant la résilience de son chef de file. En dépit de son âge avancé et des interrogations sur sa santé, Biya continue de symboliser la stabilité politique pour ses fidèles. En effet, pour le RDPC, cette longévité est un gage de continuité et de paix pour le Cameroun, des valeurs jugées essentielles par les partisans. Cependant, cette même stabilité fait l'objet de critiques, notamment de l'opposition, qui voit dans ce règne prolongé une stagnation et une volonté de préserver une élite vieillissante.
Les défis internes et la question de la légitimité
La santé de Paul Biya est au cœur des débats depuis plusieurs années, et son absence prolongée très souvent au pays alimente les spéculations.
Avec 91 ans au compteur, son avenir à la tête du Cameroun paraît incertain. Dans le même temps, sa popularité reste significative, surtout auprès de certaines élites qui bénéficient de sa politique de continuité.
Pourtant, cette popularité se heurte à des questions plus larges de légitimité, surtout à l'approche des élections présidentielles de 2025.
Le report récent des élections législatives, maintenant prévues pour 2026, est perçu par certains comme une stratégie pour préserver l’ordre politique actuel et éviter une éventuelle montée de l’opposition.
Maurice Kamto et Cabral Libii, figures notables de cette opposition, expriment régulièrement leur désir de changement, sans réel impact sur le pouvoir en place.
Une jeunesse en quête de renouveau
Avec près de 70 % de sa population âgée de moins de 30 ans, le Cameroun aspire à un renouveau.
Pour les jeunes, cette longévité au pouvoir reflète une incapacité à moderniser le pays et à répondre aux défis contemporains.
Biya, tout en incarnant la stabilité, semble aujourd'hui éloigné des réalités et aspirations de cette nouvelle génération.
Le conflit dans les régions anglophones et la menace de Boko Haram dans le nord sont autant de défis sécuritaires qui pèsent sur le pays et sur son avenir.
L'opposition, malgré ses divisions et sa répression, continue de dénoncer une gestion autoritaire qui freine toute transition politique viable.
Vers un avenir politique incertain
Alors que les élections de 2025 se profilent, Paul Biya, s'il se représente, pourrait briguer un nouveau mandat jusqu’à ses 99 ans.
Cette perspective, jugée improbable par certains, alimente les débats autour d’une transition et d’un changement de génération politique.
Néanmoins, en l’absence de discussions franches sur l’après-Biya, le Cameroun reste dans une situation de statu quo, avec peu de garanties quant à la gestion ordonnée d’une éventuelle succession.
La forte emprise de Biya et de ses proches sur les institutions du pays constitue un verrou, rendant difficile toute avancée vers un système plus démocratique et inclusif.
Alors que le Cameroun célèbre cette date, les divisions sont palpables : entre fidélité envers une figure historique et l'aspiration à un avenir neuf, chaque décision à venir pourrait profondément influencer le destin de cette nation d'Afrique centrale.
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