La Cour de cassation a rendu son verdict ce mardi 2 septembre dans l’affaire de Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice de la République Démocratique du Congo. Poursuivi pour détournement de 19 millions de dollars, soit 10,7 milliards de francs CFA destinés à la construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani, il a été condamné à trois ans de travaux forcés.
Des sanctions lourdes et des accusations précises
La Cour de cassation a souligné que Constant Mutamba avait agi dans l’intention d’enrichir illicitement la société Zion Construction, recourant à des procédures non conformes et montrant une volonté délibérée de détourner des fonds publics.
Outre la peine principale, le jugement prévoit une inéligibilité et une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans après l’exécution de sa peine.
La Cour a également exclu toute possibilité de libération conditionnelle ou de réhabilitation. La restitution de la totalité des 19 millions de dollars détournés est exigée.
Un procès suivi avec tension à Kinshasa
L’annonce du verdict est intervenue dans un climat électrique à Kinshasa.
Dès les premières heures du procès, la capitale avait été quadrillée par les forces de l’ordre pour gérer les foules, la salle d’audience Marcel Lihau ne pouvant accueillir que moins de 200 personnes.
La population reste divisée : certains exigent un procès équitable et impartial, tandis que d’autres y voient un procès politique visant à briser la carrière d’un opposant influent.
Les partisans de Constant Mutamba ont manifesté leur soutien dans plusieurs quartiers, prêts à réagir à toute éventualité, alors que d’autres citoyens appellent simplement à laisser la justice suivre son cours.
Des réquisitions initiales plus sévères
Avant le verdict, le procureur général près la Cour de cassation avait requis 10 ans de travaux forcés, assortis de plusieurs sanctions.
Entre autres, l’interdiction de vote et d’éligibilité pendant 10 ans, la privation du droit à la libération conditionnelle et l’interdiction d’accéder à toute fonction publique.
Mutamba, de son côté, continue de clamer son innocence, dénonçant un complot politique.
Il estime avoir toujours rendu de bons et loyaux services au pays durant son passage au ministère de la Justice.
Un tournant pour la justice congolaise
Cette affaire, très médiatisée, est perçue comme un test pour l’indépendance et l’équité de la justice congolaise.
Elle illustre la volonté de l’État de sanctionner les détournements de fonds publics au plus haut niveau, tout en mettant en lumière les tensions politiques et la mobilisation citoyenne autour de la lutte contre la corruption.
Pour Constant Mutamba, autrefois considéré comme un proche du pouvoir, cette condamnation marque une chute spectaculaire, mais le débat public sur la dimension politique du procès reste entier.
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