Bassirou Diomaye Faye lors d'une visite à Bamako avec Assimi Goïta
Les relations entre le Sénégal et le Mali, autrefois marquées par des liens fraternels, traversent une période de turbulence. Depuis une semaine, le Sénégal a décidé de ne plus reconnaître la carte NINA malienne comme document de voyage valide, une décision qui reflète le fossé grandissant entre la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Une rupture inévitable ?
Cette décision sénégalaise intervient dans un contexte marqué par le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO, un acte politique lourd de conséquences.
Sous la houlette du Président sénégalais Diomaye Faye, le Sénégal, membre fidèle de la CEDEAO, se trouve désormais face à une rupture presque inéluctable avec les pays membres de l’AES.
Les autorités sénégalaises justifient leur décision en invoquant des exigences de sécurité et de conformité avec les normes de la CEDEAO.
Désormais, seuls les passeports ou cartes d’identité biométriques conformes aux standards de l’organisation régionale seront acceptés aux frontières sénégalaises.
Une décision aux conséquences humaines et politiques
Pour les Maliens, cette nouvelle règle représente un véritable casse-tête.
De nombreux citoyens utilisaient la carte NINA pour leurs déplacements transfrontaliers, notamment pour le commerce, les soins médicaux ou des visites familiales.
En dépit des efforts déployés par les autorités maliennes pour trouver un compromis, le Sénégal reste inflexible.
Ce choix illustre également une prise de distance claire vis-à-vis de la junte malienne, malgré les liens historiques et les récentes visites officielles de figures politiques maliennes à Dakar.
La fin d’une proximité stratégique ?
Le rejet de la carte NINA par le Sénégal pourrait être interprété comme une rupture symbolique entre les deux États.
Vu de Bamako, cette décision pourrait être assimilée a une prise de distance des nouvelles autorités sénégalaises, et notamment du président Bassirou Diomaye Faye vis-à-vis de la junte de Bamako.
Cette posture aligne aussi le Sénégal sur les positions de la CEDEAO, qui a jadis multiplié les sanctions contre les régimes militaires du Sahel.
À l’inverse, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, membres fondateurs de l’AES, adoptent une stratégie de confrontation assumée envers la CEDEAO et ses alliés.
Une fracture régionale inquiétante
Cette décision sénégalaise met en lumière une fracture régionale de plus en plus prononcée entre les États membres de la CEDEAO et ceux de l’AES.
Alors que l’AES prône une vision souverainiste et anti-impérialiste, la CEDEAO, avec le Sénégal comme pilier, demeure alignée sur une approche plus traditionnelle de coopération régionale.
Pour l’heure, les impacts sur les populations frontalières sont immédiats et significatifs.
Si aucune solution n’est trouvée rapidement, cette situation pourrait aggraver les tensions politiques et économiques entre les deux blocs.
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