Côte d'Ivoire/liste électorale: coup de tonnerre; Tidjane Thiam radié

Cheikh Tidjane Thiam / Président du PDCI-RDA

Un séisme politique vient d’ébranler le paysage électoral ivoirien. Cheick Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et candidat déclaré à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, a été radié de la liste électorale par décision de justice.

Un verdict inattendu et sans appel

La décision est tombée ce mardi 22 avril 2025. Selon Me Ange Rodrigue Dadjé, l’un de ses avocats,

« la présidente du tribunal a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française en 1987 ».

Par conséquent, elle a fait droit aux demandes des requérants et ordonné sa radiation de la liste électorale.

Plus grave encore, cette décision n’est pas susceptible de recours, ce qui signifie qu’à ce stade, la candidature de Tidjane Thiam est juridiquement bloquée, à un peu plus de six mois de l’échéance électorale.

Une onde de choc politique et internationale

La réaction d’indignation ne s’est pas fait attendre. Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center et expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains au Mali, a dénoncé un coup porté à la démocratie :

« Une décision très grave d'écarter, sur la base de manœuvres de bas étage, la candidature de Tidjane Thiam, un des présidentiables parmi les plus crédibles de la Côte d'Ivoire. »

Ses propos traduisent une inquiétude croissante face aux obstacles juridiques dressés contre des opposants majeurs, perçus comme des menaces électorales sérieuses.

Un tournant dramatique pour le PDCI

Porté par une dynamique impressionnante, Tidjane Thiam avait été investi à 99,5 % lors de la convention du parti, suscitant un vaste espoir de renouvellement et d’unité autour du PDCI.

Sa campagne, axée sur la souveraineté, la réforme de l’économie et le retour à une gouvernance éthique, rencontrait un écho croissant auprès des Ivoiriens.

Mais ce verdict judiciaire bouleverse la donne. En quelques lignes de décision, c’est une page entière de la stratégie électorale du PDCI qui pourrait se refermer.

Les conséquences politiques, humaines et symboliques de cette radiation sont considérables, tant pour l’homme que pour le parti qu’il incarne.

Un débat toujours brûlant sur la nationalité

Cette affaire ravive une vieille controverse autour de la double nationalité en Côte d’Ivoire.

Tidjane Thiam avait officiellement renoncé à sa nationalité française, un décret publié au Journal Officiel de la République française en mars 2025 en attestait.

Mais le tribunal a retenu que l’acquisition de la nationalité française en 1987 entraînait automatiquement la perte de la nationalité ivoirienne, sans reconnaître les démarches postérieures de régularisation.

Une élimination dans la continuité d’un climat politique tendu

Avec cette décision, Tidjane Thiam devient le dernier grand nom de la scène politique ivoirienne à être radié de la liste électorale. 

Avant lui, l'ancien président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro, l'ancien ministre Charles Blé Goudé ou encore l'ancien président Laurent Gbagbo avaient eux aussi été écartés pour des raisons judiciaires.

Il était jusqu’ici le seul poids lourd encore éligible à la prochaine présidentielle, incarnant une alternative crédible au pouvoir en place.

Et maintenant ?

Le PDCI n’a pas encore officiellement réagi, mais en coulisse, les interrogations fusent : le parti va-t-il contester cette lecture du droit ivoirien devant d'autres juridictions internationales ?

Va-t-il désigner un nouveau candidat ? Ou Tidjane Thiam trouvera-t-il un moyen de faire valoir sa nationalité ivoirienne d’origine malgré ce revers judiciaire ?

Une chose est certaine : cette décision marque un tournant majeur dans le processus électoral ivoirien, et ouvre une période d’incertitude politique.

Pour Tidjane Thiam, dont le retour en politique avait été salué comme un espoir de rupture et de rigueur, la bataille ne fait que commencer.

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