Dépigmentation : le taux de mortalité est quasiment à...

La pratique de la dépigmentation cutanée, communément appelée « Xessal » au Sénégal, ainsi que ses équivalents dans d'autres pays africains comme la Côte d’Ivoire et le Bénin, représente un grave problème de santé publique qui ne cesse de s'aggraver. Cette tendance alarmante est caractérisée par l'utilisation généralisée de produits chimiques agressifs visant à éclaircir ou à blanchir la peau, souvent sans supervision médicale adéquate.

Dans de nombreux pays d'Afrique noire, des milliers de femmes se lancent dans la vente de savons et de produits éclaircissants sans aucune expérience préalable ni formation appropriée. Du jour au lendemain, ces vendeuses deviennent des « experts » autoproclamés en matière de peau et de produits de dépigmentation, contribuant ainsi à une normalisation dangereuse de ces pratiques.

Le problème de la dépigmentation cutanée va bien au-delà des considérations esthétiques. Les conséquences sur la santé sont catastrophiques, comme l'a souligné la dermatologue Dr Fatoumata Ly. Les produits utilisés peuvent contenir des substances toxiques telles que l'hydroquinone, le mercure et les corticostéroïdes, qui sont tous associés à un risque accru de cancers cutanés, d'altérations hormonales, de dommages permanents à la peau et à d'autres complications graves.

En effet, le taux de mortalité lié aux cancers cutanés associés à la dépigmentation est effrayant. Selon les rapports récents, la dermatologue a déclaré qu'il y avait eu « une mortalité de près de 100% depuis décembre » parmi les patients atteints de cancers cutanés dus à ces pratiques nocives. Cette situation est alarmante et appelle à des actions urgentes de sensibilisation et de réglementation.

Il est impératif de comprendre les motivations profondes derrière cette obsession pour la peau plus claire. Des facteurs socioculturels tels que la perpétuation des normes de beauté coloniales et les pressions sociales peuvent jouer un rôle important dans la perpétuation de cette pratique destructrice. En outre, le manque d'accès à des soins de santé de qualité et de conseils médicaux appropriés contribue à perpétuer ce cycle dangereux.

Pour lutter contre ce fléau, il est crucial d'adopter une approche holistique. Cela implique des campagnes de sensibilisation ciblées pour éduquer les populations sur les dangers pour la santé associés à la dépigmentation. Il est également nécessaire d'améliorer l'accès à des soins de santé abordables et de qualité, y compris des services de dermatologie spécialisés, pour offrir des alternatives sûres et efficaces aux individus qui cherchent à modifier leur apparence.

Enfin, une réglementation stricte des produits de dépigmentation, y compris l'interdiction des substances toxiques, est essentielle pour protéger la santé publique. Les autorités locales et les gouvernements doivent collaborer avec les professionnels de la santé, les organisations non gouvernementales et la société civile pour mettre en place des politiques efficaces visant à combattre cette dangereuse épidémie de dépigmentation cutanée en Afrique noire.

Le constat est alarmant, comme l'a révélé le coordonnateur national du programme de prévention contre les maladies liées à la dépigmentation artificielle en Côte d’Ivoire, Dr Doh Marcellin. Il a révélé depuis 2019 que « Soixante pour cent de femmes en Côte d’Ivoire se décapent la peau », une statistique qui témoigne de l'ampleur du problème dans cette région.

Cette prévalence élevée souligne l'urgence d'une action concertée pour combattre cette pratique dévastatrice et protéger la santé et le bien-être des populations africaines.