Exclusif: la Russie épinglée dans une affaire de recrutement visant le Bénin et... Cyan Boujee au cœur
- Towanou Johannes
- Aug 30
- 4 min read

Honour Zuma, plus connue sous le nom de Cyan Boujee, est l’une des figures montantes des réseaux sociaux sud-africains. Avec près d’un million d’abonnés sur Instagram et plus de 1,7 million sur TikTok, la jeune femme s’était taillé une réputation dans la mode, la danse et le lifestyle. Mais en l’espace de quelques jours, sa notoriété a basculé du glamour à la controverse. En cause : la promotion, sur ses plateformes, d’un programme russe baptisé « Alabuga Start », présenté comme une opportunité de « nouveau départ » pour les jeunes femmes africaines.
Le programme russe « Alabuga Start » : promesse de rêve ou piège organisé ?
Dans la vidéo partagée par Cyan Boujee, le programme est décrit comme une véritable porte d’entrée vers une vie meilleure en Russie.
Les candidates, âgées de 18 à 22 ans, se verraient offrir des cours de langue russe, un logement, une formation professionnelle et un emploi rémunéré.
Une promesse séduisante pour de nombreuses jeunes femmes sud-africaines confrontées au chômage et aux difficultés économiques.
Mais très vite, les signaux d’alerte se sont multipliés. Des organisations internationales et plusieurs médias indépendants ont révélé que ce programme serait loin d’être aussi idyllique qu’il y paraît.
Selon le Global Initiative Against Transnational Organized Crime, les participantes se retrouveraient en réalité dans des conditions d’exploitation sévère, parfois affectées à la production de drones militaires destinés à l’armée russe, travaillant sous surveillance constante et exposées à des produits chimiques dangereux.
Le programme « Alabuga Start » ne cible d’ailleurs pas seulement l’Afrique du Sud : il a été documenté dans plusieurs pays africains, notamment l’Ouganda, le Rwanda, le Kenya, le Soudan du Sud, la Sierra Leone et le Nigéria.
D’autres sources évoquent aussi la participation ou le ciblage de pays comme le Bénin, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Ghana, le Lesotho, le Mali, la Tanzanie, la Tunisie, la Zambie, le Zimbabwe, l’Éthiopie, le Malawi, le Mozambique et l’Afrique du Sud.
Au-delà du continent africain, la Russie a également cherché à attirer des jeunes femmes vulnérables issues d’Asie centrale (Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan), d’Asie du Sud-Est (Philippines, Vietnam), ainsi que de certains pays d’Amérique latine.
Cette dimension internationale confirme qu’il s’agit d’un mécanisme de recrutement global, et non d’une initiative isolée.
Des soupçons de traite humaine
Le gouvernement sud-africain a réagi avec fermeté. Le département des relations internationales et de la coopération a qualifié le programme de « trompeur », soulignant que les candidates étaient en réalité victimes d’exploitation systématique, pouvant relever de la traite d’êtres humains.
Ces révélations font écho à une inquiétude grandissante : dans un contexte de tensions géopolitiques, la Russie chercherait à recruter de la main-d’œuvre étrangère vulnérable.
Ceci, afin de soutenir son effort de guerre, notamment dans le domaine de la production d’armements.
Le cas de Cyan Boujee a agi comme un catalyseur, révélant au grand jour des pratiques jusque-là peu médiatisées.
La défense embarrassée de la Russie
Face à l’ampleur du scandale, l’ambassade de Russie en Afrique du Sud a rapidement publié un communiqué pour tenter d’éteindre l’incendie.
Selon elle, aucune preuve tangible ne permet d’affirmer que le programme « Alabuga Start » repose sur de la main-d’œuvre forcée ou viole les droits des participantes.
Une réponse jugée insuffisante et évasive par de nombreux observateurs, d’autant que plusieurs enquêtes indépendantes pointent vers des abus flagrants.
Les excuses publiques de Cyan Boujee
Accusée de promouvoir, même involontairement, un mécanisme d’exploitation humaine, Cyan Boujee a fini par réagir.

Dans une déclaration publique, elle a assuré ne pas avoir été rémunérée pour la publication controversée et a présenté ses excuses à sa communauté :
« J’ai partagé cette vidéo sans mesurer les conséquences. C’était une erreur et une expérience très formatrice. À l’avenir, je serai beaucoup plus vigilante quant aux contenus que je relaie. »
Cette prise de parole, bien que saluée par certains, n’a pas suffi à éteindre les critiques.










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