Brice Clotaire Oligui Nguema / Président de Transition
C'est une nouvelle qui s'est répandue comme une traînée de poudre.
Ce 1er mars 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition au Gabon, a officiellement démissionné de l’armée.
Lors d’une cérémonie au stade de l’Amitié à Libreville, il a acté son passage à la vie civile, condition indispensable pour être candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025.
Cette décision marque un tournant majeur pour l’ancien chef de la Garde républicaine, qui avait renversé Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, promettant une transition apaisée et inclusive.
Un appel à la candidature qui se concrétise
Depuis plusieurs mois, des pressions s’exerçaient sur Oligui Nguema pour qu’il officialise son entrée dans la course présidentielle.
L’Union Nationale Initiale (UNI), dirigée par Paul-Marie Gondjout, l’avait publiquement exhorté, le 16 février dernier, à briguer le pouvoir.
D’autres figures politiques et acteurs de la société civile ont également plaidé en faveur de sa candidature, soulignant son rôle clé dans la stabilisation du pays après le coup d’État de 2023.
Une opposition divisée et méfiante
Si certains soutiennent sa candidature, d’autres dénoncent un processus biaisé.
La Coalition pour la Nouvelle République (CNR) et la plateforme TELEMA ont rejeté son éventuelle participation au scrutin, estimant qu’elle remettrait en cause la crédibilité de la transition.
Ces opposants craignent une manipulation des institutions au profit de l’actuel président de transition.
Un cadre juridique taillé pour lui ?
La récente réforme de la Constitution et du Code électoral gabonais a permis aux militaires de se porter candidats aux élections politiques.
Cette évolution législative, vue par certains comme une adaptation nécessaire aux réalités du pays, est perçue par d’autres comme un aménagement sur mesure pour Oligui Nguema.
D’autant plus que depuis son arrivée au pouvoir, le chef de la transition a concentré l’essentiel du pouvoir exécutif entre ses mains.
En décembre 2023, des modifications constitutionnelles avaient renforcé son autorité, lui permettant de gouverner par décret et de nommer les membres du futur Conseil électoral.
Un pari risqué pour Oligui Nguema ?
Se lancer dans la course présidentielle après avoir dirigé la transition est un choix qui pourrait avoir des conséquences lourdes.
S’il l’emporte, il devra prouver qu’il n’a pas simplement utilisé la transition comme un tremplin pour s’emparer du pouvoir de manière déguisée.
S’il perd, il devra gérer les risques liés à une possible remise en cause de ses actions passées.
Le défi pour lui sera donc de convaincre qu’il reste fidèle à l’esprit de la transition tout en légitimant sa candidature.
Son passage à la vie civile, bien que symbolique, ne suffira pas à apaiser les critiques.
Il devra démontrer que l’élection d’avril 2025 ne sera pas qu’une simple formalité pour asseoir son règne.
Une transition démocratique ou une consolidation du pouvoir ?
L’histoire récente de l’Afrique est jalonnée de figures militaires ayant promis une transition démocratique avant de s’accrocher au pouvoir.
Le cas d’Oligui Nguema rappelle d’autres scénarios observés au Mali, en Guinée, au Faso ou encore au Tchad, où les dirigeants issus de coups d’État ont trouvé des mécanismes institutionnels pour prolonger leur domination.
La démission de l’armée, bien qu’obligatoire, reste une étape purement administrative.
La véritable question est celle de la séparation des pouvoirs et de la transparence du scrutin à venir.
Avec une administration largement acquise à sa cause et une opposition affaiblie, Oligui Nguema pourrait bénéficier d’un environnement politique qui lui est favorable.
Toutefois, il devra également composer avec la communauté internationale, qui surveille de près la transition gabonaise.
L’Union africaine et la CEEAC (Communauté économique des États de l'Afrique centrale) ont déjà exprimé leur volonté de voir une élection libre et crédible.
Tout signe de favoritisme ou d’irrégularité pourrait entraîner des pressions diplomatiques, voire des sanctions économiques.
Dans ce contexte, la présidentielle du 12 avril 2025 ne sera pas une simple formalité.
Elle déterminera l’avenir politique du Gabon et, surtout, la crédibilité du processus de transition engagé depuis le renversement d’Ali Bongo.
Oligui Nguema joue gros : sa candidature pourrait soit consolider son pouvoir, soit fragiliser un pays qui cherche encore ses repères démocratiques.
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