Guinée / drame à N'zérékoré : les chiffres contestés ; Doumbouya acculé

Stade de football de N'zérékoré

Le Barreau de Guinée a pris la parole ce mercredi pour exiger des actions concrètes et transparentes suite au drame survenu à N’zérékoré, où la finale d’un tournoi de football a tourné au chaos, faisant plusieurs dizaines de morts. Dans une déclaration officielle, l’ordre des avocats a exhorté le gouvernement à communiquer un bilan précis et fiable afin d’éviter les spéculations, tout en appelant à l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale.

Une demande de transparence

Face à des bilans divergents, le Barreau a insisté sur l’importance de la transparence pour restaurer la confiance de la population.

En effet, d'après l'exécutif, 56 personnes sont mortes et 135 selon des organisations locales de défense des droits humains.

S'agissant des causes réelles du drame, le barreau invite les autorités à s'abstenir de tirer des conclusions hâtives et à engager une enquête.

Communiqué du Barreau de Guinée

Appel à une enquête indépendante

Le Barreau a également exigé que l’enquête soit menée par une instance indépendante, libre de toute influence politique.

L’objectif est de situer les responsabilités, qu’elles soient administratives, politiques ou judiciaires, et de traduire les responsables devant le tribunal compétent.

La pression reste maintenue sur le régime du Général Mamadi Doumbouya, dont le bilan quelques heures après le drame, n'a pas changé.

Le gouvernement sous pression

Mardi, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme a annoncé que des instructions avaient été données au procureur de la République près la cour d’appel de Kankan pour ouvrir une enquête.

Cette démarche vise à faire la lumière sur les circonstances de cette tragédie, survenue dans un contexte marqué par des tensions politiques croissantes.

Cependant, les associations de défense des droits humains locales craignent que cette initiative ne soit insuffisante sans garanties d’indépendance.

Des bilans contradictoires qui interpellent

Les ONG locales, notamment le Collectif régional des organisations de défense des droits humains à N’zérékoré, ont fermement contesté les chiffres officiels avancés par le gouvernement.

Selon Emmanuel Fassou Sagno, président du collectif, le nombre de victimes s’élève à 135, en majorité des jeunes de moins de 18 ans.

Ce bilan s’appuie sur des données recueillies auprès des hôpitaux, des chefs de quartiers et des familles endeuillées.

En outre, le collectif signale qu’au moins 50 personnes sont portées disparues, ajoutant que certains corps auraient été transportés au camp militaire local sans suivi officiel.

L’organisation demande des poursuites contre les responsables du tournoi et encourage les familles des victimes à porter plainte.

Un contexte politique sensible

Ce drame intervient alors que la junte militaire au pouvoir est de plus en plus critiquée pour son rôle dans l’organisation de tournois sportifs à visée politique.

Ces événements, perçus comme une campagne déguisée pour soutenir une éventuelle candidature du Général Mamadi Doumbouya à la présidence, ont exacerbé les divisions et les frustrations dans le pays.

Alors que la Guinée pleure ses morts, le Barreau et les organisations de la société civile appellent à une mobilisation pour obtenir vérité et justice.

L’enjeu est désormais de savoir si les autorités répondront aux attentes d’une population en quête de vérité, dans un climat marqué par des tensions politiques et sociales profondes.