Guinée/drame de N'zérékoré : Doumbouya renie l'organisation

Général Mamadi Doumbouya / Président de Transition

La tragédie survenue au stade du 3 avril à N’zérékoré continue de secouer la Guinée. Face à l’ampleur de l’indignation nationale et internationale, le Premier ministre Bah Oury a brisé le silence ce jeudi lors d’une interview accordée à RFI, dévoilant une série de mesures drastiques pour éviter que le nom du général Mamadi Doumbouya ne soit lié à des événements similaires à l’avenir.

Une tragédie aux causes multiples

Bah Oury a pointé du doigt un mauvais arbitrage comme le « facteur déclencheur » de la bousculade mortelle.

Toutefois, il a également reconnu l’usage de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre, aggravant le chaos parmi les supporters.

Une commission d’enquête indépendante a été annoncée pour analyser chaque détail du match et établir clairement les responsabilités.

Le Premier ministre a insisté sur le fait que cette tragédie, bien qu’accidentelle en apparence, est le résultat d’un enchaînement de défaillances organisationnelles et sécuritaires.

Le nom du président désormais protégé

L’un des points saillants de l’intervention de Bah Oury est l’interdiction formelle d’utiliser le nom et l’image du président Doumbouya dans toute activité sportive non validée par la présidence.

Cette décision vise à préserver l’intégrité et la neutralité du chef de l’État face à des initiatives pouvant ternir son image.

« Ce que nous venons de vivre est une leçon douloureuse. Il ne faudrait pas que le nom du président soit associé à des événements qui ne relèvent pas de sa mission ou de sa responsabilité. Cette tragédie est un coup de massue pour nous tous. »

Des bilans toujours incertains

Concernant le bilan humain, Bah Oury a précisé que les 56 décès annoncés par le gouvernement restent provisoires.

Des investigations approfondies sont en cours pour établir un décompte précis, notamment en réponse aux chiffres avancés par les ONG locales, qui parlent de 135 morts.

« Il est trop tôt pour valider ces chiffres, mais une chose est certaine : il y a eu trop de morts », a-t-il admis.

Vers une refonte des événements sportifs

Cet événement tragique pourrait marquer un tournant dans la gestion des manifestations publiques en Guinée.

Le gouvernement, déjà sous pression, est appelé à revoir ses politiques de sécurité et d’organisation, particulièrement pour les activités rassemblant des foules importantes.

En attendant les conclusions de l’enquête, la décision de dissocier le président Doumbouya de tout événement sportif marque un message clair : la tragédie de N’zérékoré doit servir de catalyseur pour une réforme profonde et durable.