Guinée Bissau: Embaló ravale sa promesse et assume l'affront à la Cedeao
- Towanou Johannes
- Mar 4
- 3 min read

À peine revenu d’une tournée diplomatique à Moscou et Paris, le président bissao-guinéen Umaro Sissoco Embalo a créé la surprise en annonçant, dès son arrivée à Bissau dans la nuit de lundi, sa candidature pour un second mandat. Sans détour, il a affirmé sa confiance absolue en une victoire dès le premier tour de la présidentielle prévue le 30 novembre prochain.
Une volte-face spectaculaire
Cette annonce marque un revirement total du chef de l’État, qui avait pourtant promis à plusieurs reprises de ne pas briguer un second mandat.
En septembre 2024, il déclarait publiquement :
« Je ne serai pas candidat en 2025. Mon épouse m’a conseillé de ne pas me présenter. Je respecte donc ses conseils. »
Une déclaration qui semblait ferme, mais qui n’aura tenu que 24 heures.
Le lendemain, le 12 septembre, Embalo ajustait déjà son discours :
« Je constate que la population est tétanisée depuis hier et que certains ont même pris le deuil. Cela mérite réflexion. (…) Ce ne sera ni Domingos Simoes Pereira, ni Nuno Gomes Nabiam, ni Braima Camara qui me remplaceront. Je ne serai pas remplacé par un bandit. »
Six mois plus tard, il enterre définitivement ses promesses et affirme, le 3 mars 2025 :
« Je serai candidat, cela (ne fait) l’ombre d’aucun doute, et je vais gagner dès le premier tour. »
Un climat politique sous haute tension
Alors que la Guinée-Bissau traverse une période de fortes tensions, Umaro Sissoco Embalo choisit donc de se repositionner pour un second mandat.
Il insiste sur sa légitimité et son rôle de garant des institutions. Il a martelé :
« Ici, ce n’est pas une république bananière. Il y a un président, il y a une loi, il y a une constitution. Et la Cour suprême, on ne badine pas avec ça. »
Il tente ainsi de justifier la prolongation contestée de son mandat.
Cependant, cette décision risque d’exacerber les divisions politiques dans un pays où l’opposition conteste déjà la légitimité de son maintien au pouvoir.
La dissolution du Parlement et le report des élections législatives ont déjà contribué à l’instabilité actuelle.
Mieux, cette candidature surprise pourrait être perçue comme une tentative de verrouillage du pouvoir.
Un affront assumé contre la CEDEAO
Cette annonce intervient également en pleine crise diplomatique avec la CEDEAO.
L’organisation régionale avait envoyé une mission de haut niveau pour tenter d’apaiser les tensions et faciliter un dialogue entre les acteurs politiques.
Mais cette délégation n’a même pas eu le temps de mener à bien sa mission : sur ordre direct d’Embalo, elle a été expulsée manu militari.
« Cette mission, c’est moi qui ai donné l’ordre d’expulsion, c’est moi qui les ai chassés d’ici »
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