Kemi Seba s'attaque à Bassirou Diomaye Faye

En visite au Burkina Faso, Kemi Seba, l'activiste panafricaniste renommé et président de l’Ong Urgences Panafricanistes, a fait une apparition remarquée sur le plateau de l’émission « Surface de vérité » de BF1 Télévision. Au cours de cette émission, il a abordé divers sujets, notamment l’Alliance des États du Sahel (AES) et la volonté du président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, de réintégrer les pays membres au sein de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Divergence de vues avec Bassirou Diomaye Faye

Kemi Seba a exprimé sans ambages son désaccord avec le président sénégalais. Selon lui, la vision et les actions de Diomaye Faye sont en décalage avec les attentes révolutionnaires qu'il avait suscitées durant sa campagne.

« Quand je vois le président Bassirou Diomaye Faye, j’ai l’impression qu’il y a eu la période de campagne, de rupture, et puis maintenant, il y a la praxis ».

Pour Kemi Seba, le président sénégalais semble s'être éloigné des promesses de rupture radicale qu'il avait faites.

Révolution de l’intérieur ; une stratégie défaillante ?

Interrogé sur la proposition de Diomaye Faye de mener une révolution de l’intérieur de la CEDEAO, Kemi Seba a exprimé son scepticisme.

Pour lui, les tentatives de réforme de l’intérieur de telles structures ont généralement échoué.

Il estime que ces révolutions internes ne produisent pas les changements radicaux nécessaires pour libérer les pays africains des influences néocoloniales.

« Les révolutions de l’intérieur ont montré généralement qu’elles échouent », a-t-il affirmé, rejetant ainsi l’idée que la CEDEAO puisse être réformée de manière significative de l’intérieur.

Critique de la gouvernance et des relations géo-stratégiques

Kemi Seba a également souligné une « distance politique » entre lui et Diomaye Faye, critiquant la gouvernance actuelle du Sénégal.

Il voit le Sénégal comme un pays géo-stratégiquement vital pour les puissances néocoloniales et craint que malgré la renégociation de plusieurs contrats, une véritable rupture ne soit pas réalisée.

« Même s’il va y avoir la renégociation de plusieurs contrats, il n’y aura pas la rupture tant annoncée. C’est ce que je crains… Diomaye Faye, je le sens beaucoup plus inspiré par un système qui l’a précédé que lui qui inspire le système »

Kemi Seba a donc l'impression que le président sénégalais est davantage influencé par les structures existantes que capable de les transformer de manière significative.

Un alignement préférentiel avec l’AES

En conclusion, Kemi Seba a affirmé qu’il se sent plus en phase avec les pays membres de l’AES, une organisation qu’il considère plus alignée avec ses idéaux panafricanistes et son aspiration à une véritable autonomie africaine.

Cette préférence marque une différence notable dans son approche par rapport à celle de Diomaye Faye et la CEDEAO.

Cette intervention de Kemi Seba met en lumière les divergences profondes au sein des mouvements panafricanistes concernant les stratégies à adopter pour parvenir à une véritable indépendance et souveraineté des nations africaines.

Elle illustre également les défis persistants auxquels sont confrontés les leaders africains dans leur quête de réforme et de rupture avec les héritages néocoloniaux.