Les relations entre Bamako et Paris, déjà fragilisées depuis le coup d’État militaire de 2020, ont franchi un nouveau palier de confrontation. L’arrestation, à Bamako, d’un employé français de l’ambassade accusé d’activités de renseignement a mis le feu aux poudres et déclenché une série de mesures diplomatiques sans précédent.
L’arrestation qui a tout déclenché
Mi-août 2025, les autorités maliennes ont interpellé un ressortissant français accrédité auprès de l’ambassade de France.
Bamako l’accuse de travailler pour les services secrets et de participer à un projet de déstabilisation impliquant également des officiers maliens.
Paris rejette ces accusations qu’elle juge « infondées » et rappelle que l’intéressé bénéficie de l’immunité diplomatique prévue par la Convention de Vienne.
La riposte française
En réaction, la France a suspendu sa coopération antiterroriste avec le Mali, un partenariat essentiel dans la lutte contre les groupes armés opérant au Sahel.
Paris a également déclaré persona non grata deux diplomates maliens en poste en France, leur donnant 72 heures pour quitter le territoire.
Cette décision marque une rupture majeure, car elle touche directement le cœur des échanges sécuritaires entre les deux pays.
Bamako contre-attaque
La réponse malienne ne s’est pas fait attendre. Le gouvernement de transition a expulsé cinq membres du personnel de l’ambassade de France à Bamako, eux aussi déclarés persona non grata.
Selon des sources diplomatiques françaises, ces diplomates avaient déjà quitté le Mali au moment de l’annonce.
Cependant, la mesure reste hautement symbolique et témoigne de la volonté de Bamako de tenir tête à Paris.
Une coopération sécuritaire restée active
Le fait que la France ait annoncé la suspension de sa coopération antiterroriste prouve que ce dispositif fonctionnait encore jusqu’aux dernières heures.
Malgré les discours de rupture, des échanges de renseignements et des opérations continuaient discrètement entre les deux pays.
Cette réalité dément l’idée d’une séparation totale et révèle qu’au-delà des déclarations politiques, Paris et Bamako avaient conservé des canaux de communication actifs pour faire face à la menace jihadiste.
Une coopération impossible à couper du jour au lendemain
Des experts sécuritaires soulignent que les dispositifs techniques mis en place depuis plusieurs années, notamment le partage de données sur les mouvements de groupes armés, ne pouvaient être interrompus instantanément.
Les armées des deux pays continuaient donc de s’échanger des informations vitales, ne serait-ce que pour protéger leurs propres forces et populations.
La récente suspension officielle par Paris vient confirmer qu’une infrastructure de collaboration était bien vivante jusqu’au dernier moment.
Vers une reconfiguration des alliances
Cette crise accentue la volonté du Mali de s’émanciper de l’influence française.
Depuis plusieurs mois, Bamako a renforcé ses liens avec la Russie et d’autres partenaires non occidentaux.
Une façon de chercher de nouvelles garanties sécuritaires et économiques.
La confrontation actuelle pourrait accélérer cette reconfiguration des alliances, dans une zone où l'influence française recule déjà.
Une escalade aux conséquences imprévisibles
Entre expulsions de diplomates, accusations d’ingérence et suspension de la coopération militaire, la rupture semble désormais consommée.
Reste à savoir si des médiations régionales ou internationales pourront éviter une aggravation du conflit.
Ceci, alors que chaque camp campe sur ses positions et que les enjeux dépassent largement le cadre bilatéral pour toucher l’équilibre sécuritaire de tout le Sahel.
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