Le Rwanda a réagi fermement, mardi 9 juillet, face à l'annulation de l'accord controversé sur les migrants avec le Royaume-Uni par le nouveau gouvernement britannique.
Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, a déclaré sur la télévision nationale que cet accord ne prévoyait pas de remboursement des sommes déjà versées par Londres. « L'accord que nous avons signé ne stipulait pas que nous devions rendre l'argent », a-t-il affirmé.
Le nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé l'abandon du plan visant à expulser vers le Rwanda les demandeurs d'asile et migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, suite à la victoire écrasante de son parti aux législatives.
Ce projet, initié par l'ancien gouvernement conservateur, était « mort et enterré », selon le leader travailliste.
Malgré cette annulation, Londres a déjà versé 240 millions de livres sterling (280 millions d'euros) à Kigali dans le cadre de ce plan, annoncé en avril 2022 par l'ex-premier ministre Boris Johnson.
En novembre 2023, la Cour suprême du Royaume-Uni avait jugé ce projet de loi illégal au regard du droit international, mais le Parlement britannique l'a approuvé en avril après une longue bataille législative.
Un accord débattu et critiqué
Les appels à l'abandon de ce projet se sont multipliés, de l'ONU aux églises chrétiennes, arguant qu'il était contraire aux conventions internationales sur les droits humains.
Mukuralinda a insisté que « le remboursement de l'argent n'a jamais fait partie de l'accord », rappelant que le partenariat a été soumis à « des discussions approfondies » et est devenu un traité entre les deux pays, incluant une clause de sortie.
Avant les élections du 4 juillet, le parti travailliste britannique avait déjà annoncé son intention d'abandonner ce programme, censé dissuader les migrants traversant la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni depuis le nord de la France.
Keir Starmer a confirmé cet abandon lors de sa première conférence de presse après la victoire du Labour, dénonçant des « artifices sans effet dissuasif ».
Une question politique centrale
Depuis le Brexit en 2020, l'immigration est devenue une question politique centrale au Royaume-Uni, avec une promesse de « reprendre le contrôle » des frontières.
Le Rwanda, avec ses 13 millions d'habitants en Afrique de l'Est, est souvent présenté comme un pays stable et modernisé, malgré les accusations de répression et de gouvernance autoritaire à l'encontre du président Paul Kagame, au pouvoir depuis vingt-quatre ans.
Les élections présidentielles et législatives prévues le 15 juillet devraient voir la réélection de Kagame.
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