C'est une nouvelle critique des méthodes de milice russe sur le continent africain. Le couloir stratégique Douala-Bangui est à l'arrêt. Les transporteurs camerounais, excédés par les violences attribuées aux mercenaires russes du groupe Wagner, ont entamé une grève illimitée après un meurtre brutal qui cristallise une tension régionale explosive.
Un chauffeur assassiné : l'étincelle de la révolte
Le 18 novembre 2024, Mohamadou Awalou, chauffeur de camion camerounais, a été froidement abattu à Boali, localité centrafricaine située à 95 km de Bangui.
Selon des témoins, il aurait été tué alors qu’il réparait son véhicule en panne.
Ce drame s’ajoute à une longue liste de violences dénoncées par les transporteurs, qui pointent du doigt les miliciens du groupe Wagner, omniprésents en Centrafrique.
La grève paralyse le corridor vital
Face à cette situation, le Syndicat national des transporteurs routiers camerounais (SNTRC) a décrété, dès le 20 novembre, une suspension totale des activités sur cet axe.
Les zones frontalières de Gari Gombo, Kenzou et Garoua-Boulaï sont désormais évitées par les chauffeurs, mettant en péril les approvisionnements essentiels de la Centrafrique.
Les revendications des grévistes sont claires. La justice pour les victimes d’exactions, la sécurisation du corridor Douala-Bangui et des sanctions contre les abus des mercenaires russes.
Wagner dans la tourmente : esclavagisme et violences en question
Les transporteurs ne se contentent pas de dénoncer les assassinats. Selon eux, les mercenaires de Wagner instaurent un climat de terreur.
Entre autres , ils dénoncent des passages à tabac, tortures et conditions de travail assimilées à de l’esclavagisme moderne.
Ces accusations font écho à des rapports d’ONG, qui dénoncent également des retards de paiement et des traitements dégradants pour les chauffeurs livrant des marchandises aux zones d’exploitation contrôlées par Wagner.
Une crise aux répercussions régionales
Le blocage du corridor Douala-Bangui menace de plonger la Centrafrique dans une crise économique et humanitaire sans précédent.
Dépendant à plus de 80 % de ce couloir pour ses importations, le pays pourrait voir ses réserves alimentaires et médicales s’épuiser rapidement si le conflit perdure.
Pour les transporteurs, le message est sans ambiguïté : si la sécurisation des routes n’est pas assurée, il revient aux alliés russes de trouver d’autres moyens de transporter leurs marchandises.
Cette prise de position souligne l’urgence d’une intervention rapide pour éviter une escalade aux conséquences régionales.
Une solution indispensable
Le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux doivent agir sans délai.
Une enquête approfondie sur les meurtres, un renforcement de la sécurité et des négociations ouvertes avec le SNTRC sont essentiels pour désamorcer la crise et restaurer la confiance des acteurs du secteur.
Le corridor Douala-Bangui, véritable poumon économique pour la région, ne peut rester paralysé. L'heure est à la concertation et à la justice pour mettre fin à ce climat d’impunité.
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