Le 31 mars 2024, une coalition inédite regroupant des partis politiques, des associations et des représentants de la société civile du Mali a émis une déclaration historique, constatant la fin de la Transition politique.
Dans cette déclaration sans précédent, les acteurs notent que la Transition, initialement planifiée pour une période de 18 mois et prolongée pour 24 mois supplémentaires, a effectivement pris fin le 26 mars 2024, laissant ainsi un vide institutionnel et juridique qu'ils s'engagent à combler de manière urgente et responsable.
Pour surmonter cette période de transition, ils appellent à une concertation rapide et inclusive entre toutes les parties concernées, dans le but d'établir une nouvelle feuille de route institutionnelle et de garantir l'organisation rapide d'élections présidentielles, gages de stabilité et de légitimité démocratique.
Engagés en faveur du retour du Mali à un ordre constitutionnel normal, les signataires soulignent l'importance cruciale d'un système démocratique pour assurer la stabilité politique et favoriser le développement durable du pays.
De plus, la déclaration annonce la création d'un Comité de suivi dédié à la mise en œuvre des recommandations issues de cette concertation nationale, ouverte à tous les Maliens, qu'ils soient sur le territoire national ou à l'étranger, désireux de contribuer à la reconstruction de la paix et de la stabilité.
Parmi les signataires de cette déclaration historique, on compte de nombreux partis politiques, associations et représentants de la société civile, dont YELEMA, RPM-CADRE, ASMA-CFP, CNID, ADRP, CVCRT, ADEMA-PASI, MPM, M5-RFP MALI KURA, CODEM, JIGIYA KURA, etc.
Quelle légitimité pour Assimi Goïta et la junte ?
Après la fin de la Transition au Mali et la publication de la déclaration par une coalition de partis politiques et de la société civile, une question cruciale se pose quant à la légitimité d'Assimi Goïta et de ses collaborateurs. En tant que chef de l'État issu d'un coup d'État militaire, Goïta et son gouvernement intérimaire ont déjà été soumis à une pression internationale et nationale considérable pour leur accession au pouvoir.
Tout d'abord, la durée de la Transition, initialement prévue pour 18 mois et prolongée de manière controversée, soulève des questions sur la légitimité du gouvernement intérimaire dirigé par Goïta. Les prolongations successives de la Transition ont suscité des inquiétudes quant à la volonté réelle des autorités intérimaires de céder le pouvoir aux civils de manière transparente et démocratique.
De plus, la déclaration émise par la coalition de partis politiques et de la société civile met en évidence un consensus croissant autour de la nécessité d'un retour à l'ordre constitutionnel normal et d'une transition démocratique. Cette position unifiée de divers acteurs maliens remet en question la légitimité du gouvernement intérimaire, qui pourrait être perçu comme un obstacle à la réalisation de ces objectifs.
Aussi l'appel à une concertation rapide et inclusive pour mettre en place une nouvelle architecture institutionnelle et organiser des élections présidentielles peut-il souligner l'urgence de la situation et renforce les attentes de la population malienne en matière de démocratie et de gouvernance transparente. En l'absence de progrès significatifs vers ces objectifs, la légitimité d'Assimi Goïta et de ses collaborateurs pourrait être remise en question davantage.
Il est impératif pour Goïta et ses collaborateurs de répondre aux attentes de la population malienne pour préserver leur légitimité et éviter une crise politique plus profonde. La concertation nationale proposée par les signataires offre une opportunité sans précédent de surmonter les défis et de tracer la voie vers un avenir de paix et de prospérité.
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