C'est à Bamako, à son domicile, que le colonel Alpha Yaya Sangaré a été appréhendé sans préavis, déclenchant un débat sur les limites de l'action militaire. Une source au sein de l'armée justifie cette arrestation par les règles militaires strictes, arguant qu'aucun mandat n'est nécessaire pour un militaire.
Le livre de Sangaré, "Mali : défi du terrorisme en Afrique", a suscité une réaction virulente du ministère malien de la Défense, qui a promis des sanctions à l'encontre de l'officier.
Les critiques portent sur certains passages de l'ouvrage, notamment ceux qui citent des rapports d'organisations internationales de défense des droits de l'homme, accusant les forces de défense et de sécurité de s'être livrées à des exactions contre des personnes présumées membres de groupes terroristes depuis 2016.
Les défenseurs de Sangaré affirment que son livre est largement basé sur sa thèse de doctorat et qu'il a utilisé le conditionnel pour rapporter les propos des organisations telles que Human Rights Watch.
Pourtant, malgré le soutien affiché lors de la séance de dédicace par un autre colonel, Abdoulaye Maïga, ministre d'État et ami de promotion de l'auteur, celui-ci a rapidement pris ses distances à la suite de la polémique.
Des dissensions au sein de la transition militaire ?
L'arrestation du colonel Alpha Yaya Sangaré soulève en effet des questions importantes sur l'état de la démocratie et de la liberté d'expression au Mali.
Cette action pourrait également indiquer un malaise grandissant au sein de l'armée et une volonté de répression de la part de certains officiers ou du ministère de la Défense envers toute forme de critique interne.
Le fait que l'arrestation ait eu lieu sans mandat d'amener et que le colonel Sangaré soit un militaire laisse penser à un usage excessif du pouvoir et à un manque de respect des procédures légales.
De plus, le contenu de son livre, qui met en lumière des abus présumés des forces de défense et de sécurité contre des civils, souligne peut-être des tensions profondes au sein de l'armée, notamment en ce qui concerne les stratégies de lutte contre le terrorisme et le respect des droits de l'homme.
L'attitude de certains officiers, comme le ministre d'État Abdoulaye Maïga, qui se sont rapidement dissociés de l'auteur après l'éclatement de la polémique, suggère aussi une possibl pression politique ou hiérarchique pour maintenir une image unie de l'armée, même aux dépens de la liberté d'expression et de la transparence.
En somme, cette arrestation pourrait être révélatrice d'un malaise plus profond au sein de l'armée malienne et de ses dirigeants, et souligne l'importance de protéger les droits fondamentaux et la liberté d'expression dans le pays pour favoriser un dialogue ouvert et constructif sur les défis auxquels est confronté le Mali.
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