Au Mali, c'est une sortie qui pourrait avoir un impact. Le 15 août 2024, Chérif Ousmane Madani Haïdara, influent président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), a surpris la scène politique en appelant la junte militaire malienne à ouvrir des négociations avec tous les groupes armés du pays, y compris les djihadistes.
Lors d'une rencontre avec le ministère de la Défense à Bamako, Haïdara a souligné que le recours exclusif à la force ne suffirait pas à ramener la paix au Mali.
Il a ainsi plaidé pour une approche plus inclusive, estimant que le dialogue est essentiel pour résoudre les crises complexes qui secouent le pays.
Réactions mixtes et soutiens politico-sociaux
Bien que la junte n'ait pas encore officiellement réagi à cet appel, la proposition de Haïdara a rapidement trouvé un écho favorable auprès de plusieurs partis politiques et associations maliennes.
Housseini Amion Guindo, leader du parti CODEM et membre d'une coalition de partis et d'associations politiques, s'est exprimé en faveur de cette initiative.
Ce soutien indique une adhésion croissante à l'idée que la solution militaire doit être complétée par des efforts de réconciliation nationale.
Les regards tournés vers les groupes armés
L'appel au dialogue de Haïdara tourne désormais les regards vers des figures clés du conflit, notamment le chef djihadiste malien Iyad Ag Ghaly et les rebelles du Cadre Stratégique et Permanent (CSP).
Leur réaction à cette initiative sera déterminante pour l'avenir du processus de paix au Mali.
Cependant, l'ouverture d'un tel dialogue, bien qu'encouragée par certains, pourrait également soulever des défis considérables, notamment en ce qui concerne la gestion des négociations avec des groupes armés ayant des idéologies radicalement opposées à celles de l'État.
Un défi pour la junte et les alliés de l'AES
Alors que la proposition de Haïdara retient l'attention, elle soulève également des questions cruciales pour l'ensemble des pays membres de l'Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Burkina Faso, et le Niger.
Ces États, dirigés par des autorités militaires, doivent désormais considérer l'opportunité d'un dialogue similaire au sein de leurs propres frontières.
La leçon donnée par Haïdara met en lumière l'importance de privilégier le dialogue pour parvenir à une paix durable, au-delà des actions militaires.
La complexité du contexte malien
Le contexte malien est particulièrement complexe, marqué par des années de conflits armés, de coups d'État, et de l'émergence de groupes djihadistes.
Dans ce cadre, la proposition de Haïdara de dialoguer avec ces groupes, souvent perçus comme des ennemis irréconciliables, représente une approche novatrice mais risquée.
Elle pourrait potentiellement ouvrir une voie vers la réconciliation.
Toutefois, elle nécessite une gestion prudente et une stratégie bien définie pour éviter de légitimer la violence ou de compromettre la sécurité nationale.
Un moment de réflexion pour les autorités
Finalement, l'appel au dialogue lancé par Haïdara incite les autorités maliennes et leurs alliés au sein de l'AES à repenser leurs stratégies de gestion du conflit.
Les dirigeants militaires au Mali, au Burkina Faso, et au Niger, doivent maintenant se demander s'il est temps d'emboîter le pas et d'explorer la voie du dialogue inclusif pour restaurer la paix et la stabilité dans leurs nations respectives.
Justement au Niger, il semble que les autorités soient disposées à discuter avec les groupes rebelles pour trouver une issue heureuse au conflit qui ronge une partie du pays.
Voyons voir si le Mali accepte cette main tendue pour aller à la table du dialogue et de la réconciliation.
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