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Mali: Assimi Goïta s'octroie un nouveau quinquennat sans élection

Général Assimi Goïta / Président de Transition
Général Assimi Goïta / Président de Transition


Le Conseil des ministres du 11 juin 2025 a validé un projet de loi qui pourrait changer radicalement la trajectoire politique du Mali. En révisant la Charte de la Transition, le texte accorde au Président Assimi Goïta un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025. Officiellement, il s’agit de répondre aux "attentes légitimes du Peuple malien". Mais dans les faits, cette décision pose une question cruciale : sommes-nous toujours dans une transition, ou dans une installation durable d’un régime militaire ?


Un Conseil solennel, mais lourd de sens politique


Réuni dans la salle de délibérations du Palais de Koulouba, le Conseil des ministres a commencé dans une ambiance protocolaire et pieuse.


Le Président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta, a saisi l’occasion de la Fête de Tabaski pour formuler des vœux.

« Son Excellence le Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat a présenté ses meilleurs vœux aux membres du Gouvernement ainsi qu’à leurs familles, à l’occasion de la Fête de Tabaski. Le Chef de l’Etat a formulé des vœux de succès à l’endroit des Forces Armées et de Sécurité qui se battent au quotidien contre les forces du mal. Il a également souhaité prompt rétablissement aux blessés et fait des prières pour le repos éternel de l’âme des disparus. »


Un message d’unité et de reconnaissance, certes. Mais rapidement, le Conseil est passé à l’essentiel : l’adoption du projet de loi portant révision de la Charte de la Transition. Un texte explosif par ses implications.


Un projet de loi qui légalise la continuité… indéfinie ?


Selon le communiqué officiel :

« Sur le rapport du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral, le Conseil des Ministres a adopté un projet de loi portant révision de la Charte de la Transition. »


Le fondement de cette révision remonte aux Assises Nationales de la Refondation, organisées du 27 au 30 décembre 2021, qui ont formulé 517 recommandations pour refonder l’État.


C’est dans ce cadre que le pouvoir affirme puiser sa légitimité :

« Les Assises Nationales de la Refondation… ont formulé 517 recommandations devant conduire à une refondation totale de l’Etat et surtout à la construction d’une nouvelle vision politique, demandée par le Peuple malien, à savoir : "Mener des réformes politiques et institutionnelles prioritaires, avant d’organiser des élections". »


Mais cette citation, sortie du contexte, cache mal le virage qui s'opère : aucune date d’élection n’est évoquée.


En revanche, un mandat de 5 ans renouvelable est bel et bien instauré. Et ce, sans que les Maliens aient été appelés à voter à nouveau.


Une rhétorique de résistance… au service du pouvoir ?


Le communiqué justifie ce verrouillage politique par le contexte sécuritaire et géopolitique :

« Depuis la rectification de la Transition et la lutte pour une souveraineté pleine, voulue par le peuple, le Mali est confronté à des défis dont certains sont soutenus par des sponsors étrangers. »
« En plus des efforts nationaux, le Mali a créé avec les pays frères du Burkina Faso et du Niger, confrontés aux mêmes difficultés, la Confédération des Etats du Sahel, le 06 juillet 2024, après l’adoption de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des Etats du Sahel, le 16 septembre 2023. »


Cette coordination régionale est présentée comme un bouclier collectif.


Mais elle devient aussi un argument commode pour éviter toute alternance politique :

« Malgré l’adoption d’une nouvelle Constitution, le contrôle de l’ensemble du territoire par les Forces Armées et de Sécurité, ainsi que les résultats obtenus dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, notre pays et les autres pays de l’AES sont toujours confrontés à la menace de la déstabilisation internationale et l’atteinte aux intérêts vitaux des populations. »


Donc, même en ayant progressé militairement et institutionnellement, la transition ne peut s’arrêter ?


La logique semble circulaire : on prolonge le pouvoir pour stabiliser, mais la stabilité justifie la prolongation du pouvoir.


Le vernis légal d’un pouvoir sans fin


La phrase clé du communiqué, celle qui révèle l’intention profonde du régime, ne laisse plus de place au doute :

« Le projet de loi, adopté, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des concertations des Forces vives de la Nation et des Maliens établis à l’extérieur pour répondre aux attentes légitimes du Peuple malien, notamment la révision de la Charte de la Transition en accordant au Chef de l’Etat, un mandat de 5 ans renouvelable à partir de 2025, à l’instar de ses pairs de la Confédération AES. »


En clair, ce projet de loi ouvre une nouvelle ère présidentielle sans passer par une élection ouverte. 


Le régime peut désormais prolonger son existence sous des habits légaux, avec le soutien de partenaires militaires régionaux qui suivent la même trajectoire.


La transition devient régime : jusqu'où ira-t-on ?


Le Premier ministre, dans une réponse de pure forme, a voulu rassurer :

« En réponse, le Premier ministre, Chef du Gouvernement a présenté au Président de la Transition, Chef de l’Etat ainsi qu’aux membres de sa famille, les meilleurs vœux des membres du Gouvernement. Il a assuré le Chef de l’Etat de l’engagement de l’équipe gouvernementale à conduire l’action publique pour la satisfaction des besoins vitaux de la population dans le respect des principes édictés. »


Mais que reste-t-il de ces principes, si la volonté du peuple ne passe plus par les urnes ?


Si le droit à l’alternance est suspendu ? Si la refondation devient une confiscation ?


Une transition sans échéance n’est plus une transition. C’est un régime consolidé, sans opposition, sans pluralisme, et sans légitimité populaire renouvelée.


Un tournant historique… mais dans quel sens ?


Le Mali, autrefois cité comme laboratoire de démocratie participative en Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui dans une zone grise : ni dictature assumée, ni démocratie fonctionnelle.


Avec cette réforme, Assimi Goïta se donne les moyens légaux de rester au pouvoir pour une décennie ou plus, dans une structure renforcée par l’AES.


Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits… ou si elle finira par réveiller les mêmes contestations qui, jadis, ont fait chuter les anciens régimes.


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