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Mali : entre radiations et procès, la transition Goïta vire à la répression

Assimi Goïta/Président du Mali  ©Crédit photo: DC
Assimi Goïta/Président du Mali ©Crédit photo: DC

Nouvelle étape dans la purge militaire au Mali. Le 12 décembre 2025, le colonel Alpha Yaya Sangaré, officier à la Direction générale de la Gendarmerie nationale, a été radié des Forces armées et de sécurité du Mali par mesure disciplinaire.


Une décision lourde, qui met brutalement fin à la carrière d’un haut gradé et qui dépasse largement le simple cadre d’une sanction administrative.


Cette radiation intervient après la publication d’un livre documentant des violations des droits humains attribuées aux forces armées maliennes, un ouvrage jugé explosif par les autorités et qui lui avait déjà valu une détention en 2024.


Pris isolément, le dossier pourrait relever du strict respect de la discipline militaire. Mais replacé dans son contexte, il apparaît comme un nouvel épisode d’une séquence répressive plus large.


Ceci, sous la transition dirigée par le Général Assimi Goïta, où la tolérance envers la critique, surtout interne, s’amenuise dangereusement.


Une série de radiations et d’inculpations sous Goïta


Depuis son arrivée au pouvoir, le régime de transition multiplie les radiations d’officiers et de sous-officiers, souvent accompagnées de procédures judiciaires lourdes, pour des motifs officiellement liés à la discipline ou à la sûreté de l’État.


Le 7 octobre 2025, une dizaine de hauts gradés, parmi lesquels deux généraux de brigade, plusieurs lieutenant-colonels et des capitaines, ont été radiés par décret à la suite de ce que les autorités ont présenté comme une tentative de coup d’État.


Cette dynamique a pris une dimension judiciaire majeure le mercredi 17 décembre 2025, lorsque le tribunal militaire de Bamako a procédé à l’inculpation de quatorze personnes, militaires et civils, soupçonnées d’une tentative de déstabilisation de l’État, dans le cadre d’une enquête ouverte après le communiqué gouvernemental n°077 du 14 août 2025.


Les accusés, dont Abass Dembélé et Nema Sagara, aux côtés de plusieurs officiers supérieurs et civils, ont comparu publiquement devant une juridiction militaire, dans une audience fortement sécurisée, illustrant la gravité accordée à cette affaire par les autorités.


Abass Dembélé et Nema Sagara : du décret de radiation au prétoire militaire


Les généraux Abass Dembélé et Nema Sagara occupent une place centrale dans ce dossier.


Déjà mis en examen en novembre 2025 pour atteinte à la sûreté de l’État, ils avaient été radiés de l’armée dès octobre, avant même l’aboutissement de la procédure judiciaire.


Leur inculpation formelle devant le tribunal militaire marque une étape décisive, avec des chefs d’accusation particulièrement lourds : complot contre le commandement, association de malfaiteurs, tentative d’emploi illégal de la force armée, attentat contre la Constitution, tentative de trahison et d’assassinat, ainsi que violation de consignes et incitation à l’indiscipline.


Fait notable, ces deux généraux appartiennent à un groupe plus large de neuf officiers supérieurs qui ont récemment saisi la Cour suprême pour contester leur radiation, dénonçant des irrégularités procédurales.


Une démarche qui souligne les tensions internes persistantes au sein des forces armées, à un moment où l’institution est appelée à afficher une unité sans faille.


Un cadre plus large de restriction de l’espace civique


La radiation du colonel Sangaré, combinée aux inculpations massives devant le tribunal militaire, s’inscrit dans un climat général de durcissement politique.


Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, les autorités de transition ont progressivement rétréci l’espace civique et politique au nom de l’ordre public et de la stabilité.


Suspension et dissolution des partis politiques, poursuites judiciaires contre des figures critiques, accusations récurrentes de répression ciblée : la gestion sécuritaire semble désormais s’étendre bien au-delà du champ strictement militaire.


La critique interne assimilée à une menace


Le cas du colonel Sangaré, comme ceux d’Abass Dembélé et de Nema Sagara, illustre une même logique : toute voix perçue comme dissonante est traitée comme une menace potentielle.


Qu’il s’agisse de dénonciations liées aux droits humains ou de soupçons de déstabilisation institutionnelle, la réponse du pouvoir reste essentiellement disciplinaire et judiciaire.


Dans ce contexte, la frontière entre maintien de l’ordre, justice militaire et neutralisation de la contestation interne devient de plus en plus ténue.


Sécurité nationale ou dérive autoritaire ?


Le régime d’Assimi Goïta affirme agir pour préserver l’unité des forces armées et lutter contre toute tentative de déstabilisation.


Le Procureur de la République a assuré que les procédures en cours se dérouleront dans le respect des lois, avec le souci de maintenir l’ordre public.


Mais pour de nombreux observateurs, la convergence entre radiations administratives, inculpations pénales et restriction des libertés dessine une trajectoire préoccupante.


La radiation du colonel Alpha Yaya Sangaré, désormais éclairée par les poursuites visant Abass Dembélé, Nema Sagara et leurs coaccusés, s’impose comme le symbole d’un Mali sous transition où la ligne rouge de la critique, interne comme externe, se resserre inexorablement.

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