Mali: une coalition secrète veut faire tomber le régime d'Assimi Goïta
- Towanou Johannes
- 1 day ago
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Le paysage politique malien vient de connaître un tournant majeur. Ce vendredi 5 décembre, l’imam Mahmoud Dicko, figure incontournable des mobilisations de 2020, prend la tête d’une nouvelle coalition d’opposition : la Coalition des forces pour la République (CFR). Un mouvement clandestin, non violent, mais résolument déterminé à mettre fin à cinq années de transition militaire chaotique.
Une coalition née dans la discrétion
La CFR rassemble des personnalités clés de la société civile et d’anciens partis politiques aujourd’hui dissous.
Par précaution, leurs identités ne sont pas dévoilées. La sécurité de ceux restés au Mali l’exige.
Étienne Fakaba Sissoko, universitaire exilé et ancien prisonnier politique, en est le porte-parole.
Tous revendiquent une volonté commune : redonner un cap politique à un pays rongé par l’insécurité, la censure et l’impasse institutionnelle.
Un mouvement de résistance civique
Dans son communiqué fondateur, la coalition affirme que « la résistance est un devoir national ».
Les mots sont durs : l’État est accusé de « tuer ses propres soldats par incompétence », de « laisser massacrer des civils dans un silence de terreur », et de transformer la souveraineté en « simple slogan », tout en confiant la sécurité du pays à des mercenaires étrangers.
La CFR appelle les Maliens à la désobéissance civile, les militaires à la désobéissance éthique, et les magistrats à une véritable résistance judiciaire.
L’objectif est de démonter pacifiquement les mécanismes de peur qui maintiennent la junte en place.
« L’histoire jugera ceux qui auront sauvé le pays », martèle le texte.
Des objectifs clairs pour sortir de l’impasse
La coalition fixe ses priorités :
retour immédiat à l’ordre constitutionnel ;
rétablissement des libertés fondamentales (presse, justice, expression) ;
protection des populations civiles ;
organisation d’un dialogue national intégrant toutes les forces armées maliennes.
Ce dialogue inclurait aussi bien les chefs jihadistes Iyad Ag Ghali et Hamadoun Kouffa du JNIM que les rebelles indépendantistes du FLA, conformément aux recommandations répétées des consultations nationales depuis 2017.
Cependant, la CFR impose deux limites non négociables que sont l’unité nationale et les principes républicains.
Dicko, l’homme qui revient du silence
Longtemps silencieux et aujourd’hui exilé en Algérie, Mahmoud Dicko demeure une figure au potentiel de mobilisation unique.
Sa capacité à remplir des stades, son rôle moteur dans la chute du président IBK et son aura religieuse font de lui un leader susceptible de fédérer au-delà des clivages politiques traditionnels.
Son retour dans l’arène, même à distance, est interprété par beaucoup comme un signe que la situation du Mali a atteint un niveau critique.
Un pays au bord du point de rupture
Depuis cinq ans, les autorités militaires se maintiennent au pouvoir au nom de la lutte contre le terrorisme.
Mais pour la CFR, cette « crise sécuritaire permanente » est devenue « l’alibi parfait » qui justifie les restrictions, les abus et l’absence de calendrier électoral.
Étienne Fakaba Sissoko, dans une déclaration accordée à RFI, estime qu’il est temps que cela cesse :
« Les autorités utilisent la crise comme justification à tout. Nous devons restaurer un horizon politique. »
Une clandestinité assumée pour un combat pacifique
La CFR n’a pas vocation à devenir un mouvement insurrectionnel. Son choix stratégique est clair, agir sans violence, mais sans reculer.
Cette clandestinité vise à protéger ses membres tout en maintenant une pression constante sur le pouvoir.
Les appels simultanés à la société civile, aux militaires et aux magistrats montrent une volonté d’agir sur plusieurs fronts pour fissurer l’édifice de la junte.
Vers un nouveau rapport de force ?
Avec Dicko en chef de file, Sissoko comme porte-voix et l’appui discret de réseaux pro-démocratie, la coalition espère canaliser l’exaspération grandissante de la population.
Reste une question centrale, ce mouvement clandestin parviendra-t-il à recréer une force populaire capable d’ébranler le pouvoir, comme en 2020 ?
Une chose est sûre, la bataille pour la République, annoncée ce 5 décembre, vient de commencer.





