Niger: la surprenante demande de Tiani aux élèves pour sauver la patrie
- Towanou Johannes
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Au Niger, la junte militaire au pouvoir cherche désespérément à renflouer les caisses de l’État.
Depuis le coup d’État de juillet 2023, les sanctions économiques imposées par la CEDEAO et ses partenaires occidentaux ont plongé le pays dans une crise de trésorerie sans précédent.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement dirigé par le général Abdourahamane Tiani a lancé une nouvelle opération baptisée « 100 francs pour la patrie, un geste pour l’avenir ».
Le principe est simple : chaque élève du pays est invité à contribuer volontairement à hauteur de 100 FCFA pour soutenir les finances publiques.
Officiellement, cette contribution symbolique vise à “aider l’État à assurer ses dépenses, notamment celles liées à la sécurité”.
Une mesure qui divise
Présentée comme un acte de solidarité nationale, l’initiative soulève pourtant de nombreuses critiques.
Dans plusieurs établissements, enseignants et parents d’élèves dénoncent une mesure inappropriée, voire humiliante, dans un pays où la majorité des familles vivent sous le seuil de pauvreté.
Beaucoup estiment que le gouvernement fait peser sur les plus vulnérables le poids de sa mauvaise gestion et de l’isolement diplomatique.
D’autres y voient une manœuvre symbolique pour donner l’illusion d’un effort collectif, alors même que les services publics, notamment l’éducation et la santé, continuent de souffrir d’un sous-financement chronique.
Des enseignants à bout de patience
La mesure intervient dans un contexte social déjà tendu. Plusieurs syndicats d’enseignants dénoncent des retards répétés dans le paiement des salaires et des indemnités, ainsi que des conditions de travail dégradées.
Pour eux, la contribution de 100 FCFA par élève ne résoudra en rien les difficultés structurelles du système éducatif nigérien.
Entre propagande et survie financière
Pour le pouvoir en place, cette opération a avant tout une portée symbolique.
En mobilisant les écoliers, le régime cherche à raviver le sentiment d’unité nationale autour du discours souverainiste qui justifie la rupture avec les partenaires occidentaux.
Mais dans les faits, elle traduit surtout l’épuisement des ressources financières de l’État.
Les recettes fiscales sont en baisse, les partenaires techniques se font rares, et les priorités sécuritaires absorbent une grande partie du budget.
Dans ce contexte, chaque franc compte, au point que le gouvernement en appelle désormais à la générosité des enfants.
Un geste qui interroge l’avenir
Si la contribution reste volontaire sur le papier, certains craignent qu’elle devienne une forme de contribution forcée dans les écoles publiques, déjà fragilisées par la crise.
L’initiative, censée incarner l’espoir d’un avenir meilleur, risque au contraire d’alimenter le désenchantement d’une jeunesse confrontée à la pauvreté, au chômage et à un système éducatif défaillant.
Derrière le slogan « un geste pour l’avenir », beaucoup voient le symbole d’un État qui n’a plus les moyens de son ambition.
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