
En présentant ses lettres de créance ce 2 Décembre 2023 au Gouvernement du Niger, le nouvel Ambassadeur des États-Unis d'Amérique vient de reconnaître officiellement le Gouvernement du Général Tchiani. En effet, Kathleen A. FitzGibbon, a présenté ses lettres de copies figurées au Ministre des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, marquant de ce fait la reconnaissance officielle et par voie diplomatique du gouvernement de transition. Rappelons que les lettres de créance ou lettre de copies figurées sont un document officiel qu'un Chef de l'État ou de gouvernement signe et confie à un ambassadeur qu'il vient de nommer, afin que celui-ci le remette au chef d'État ou de gouvernement (et en de rares occasions au Ministre des Affaires Étrangères) du pays hôte. La réception de ce document par le pays hôte officialise la nomination et l'accréditation de l'ambassadeur. Ce geste symbolique marque la reconnaissance officielle par les États-Unis du gouvernement de transition du Niger.
On comprend donc que les Etats-Unis d'Amérique viennent, par cet acte, de relancer les relations d'amitié, de fraternité entre les deux pays et probablement avec tous les pays membres de l'Alliance des Etats du Sahel.
Une position qui tranche d’avec celle de le France, dont le président Emmanuel Macron a durement critiqué les putschistes en place à Niamey, position partagée aussi bien par l’Union Africaine que par la CEDEAO. Les troupes françaises présentes au Niger doivent quitter le pays d’ici à la fin d’année au plus tard et l’ambassadeur français Sylvain Itté a été expulsé. Tout ceci sur demande des militaires, appuyés par un fort sentiment populaire.
A travers ces lettres de créance, Washington joue donc une carte plus stratégique que Paris. En effet, face à tout changement de régime, fût-il jugé illégitime, le réalisme doit prévaloir, même quand il faut réprouver ou condamner le changement opéré. La posture adoptée par Paris, bien qu’exemplaire et en harmonie avec celle des différents regroupements et communauté du continent africain et du monde, a manqué de pragmatisme tant diplomatique que politique. Surtout dans une période où le sentiment qui prévaut majoritairement au Sahel est un fort rejet de la politique militaire française.
Le moment est peut-être venu pour la France de se poser des questions fondamentales : quels sont ses intérêts en Afrique ? Sont-ils en adéquation avec ceux des pays africains ? Quels compromis ou quels changements opérer afin que certains pays puissent librement opter pour une collaboration avec la France ? De la réponse à ces questions pourrait dépendre l’avenir des relations entre la France et les pays africains en général, ceux de l’Afrique francophone en particulier
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