Le procès très médiatisé de Sean “Diddy” Combs approche de son dénouement, mais un obstacle majeur subsiste.
Ce mardi, après plusieurs heures de délibérations, le jury a informé le juge fédéral Arun Subramanian qu’un accord avait été trouvé sur quatre chefs d’accusation, mais pas sur le plus important d’entre eux : l’association de malfaiteurs, une charge qui expose l’ex-magnat du hip-hop à la prison à vie.
Dans leur note adressée à 16h36, les jurés ont déclaré : « Nous avons atteint un verdict sur les chefs 2, 3, 4 et 5. Mais nous ne parvenons pas à nous accorder sur le chef 1, des jurés ayant des opinions irréconciliables des deux côtés. »
Face à cette impasse, l’accusation comme la défense ont demandé que le jury poursuive ses discussions avant toute annonce de verdict.
Le juge a accédé à leur requête et a suspendu la séance, invitant les membres du jury à revenir mercredi à 9 heures pour reprendre les délibérations.
Une conspiration présumée sur vingt ans
Le chef d’accusation n°1, le plus grave, concerne un complot criminel organisé sur près de deux décennies, entre 2004 et 2024.
Le gouvernement fédéral accuse Sean Combs d’avoir été à la tête d’un vaste réseau mafieux ayant recours à la violence, la menace, la drogue, l’intimidation, la corruption de témoins et le trafic d’êtres humains.
L’objectif : maintenir une emprise sur de jeunes femmes vulnérables, les plonger dans un cycle de dépendance et les forcer à participer à des orgies sexuelles filmées, souvent en présence d’hommes recrutés comme escorts.
Le parquet affirme que Diddy appelait ces soirées des “freak-offs” et qu’il menaçait les participantes, voire leur versait de l’argent, pour acheter leur silence.
En face, Combs nie farouchement, assurant que tout était consensuel, même s’il admet que certaines relations ont pu être marquées par des violences domestiques.
Les quatre chefs d’accusation retenus par le jury
Si le chef de complot fait débat, les jurés sont tombés d’accord sur quatre autres chefs d’accusation, principalement liés à la traite sexuelle.
Ces charges concernent des affaires distinctes, dont celle de Cassie Ventura, ancienne compagne de Combs, et celle d’une autre victime identifiée sous le pseudonyme "Jane".
Les faits reprochés incluent l’organisation de voyages inter-états dans le but d’exploiter sexuellement les victimes, sous la contrainte ou la manipulation.
Chaque chef est passible de 10 à 15 ans de prison. Les verdicts sur ces points ne seront rendus publics qu’après résolution de l’accusation principale, ou en cas d’échec définitif du jury à s’accorder sur celle-ci.
La défense parie sur le doute et l’abstention
La stratégie des avocats de Diddy repose sur une défense discrète mais ferme. Aucun témoin n’a été appelé à la barre.
Combs a refusé de témoigner, préférant compter sur les failles potentielles dans le dossier de l’accusation.
Son principal avocat, Marc Agnifilo, a insisté sur le mode de vie “libertin” de son client, le décrivant comme un habitué des cercles échangistes, mais pas un criminel.
Selon lui, le gouvernement essaie de criminaliser un style de vie hors norme, mais consensuel.
Combs, ajoute-t-il, dément avec force toutes les allégations portées par le procureur fédéral de Manhattan, surnommé SDNY (Southern District of New York).
Tension palpable dans la salle d’audience
Lorsque les jurés ont annoncé vouloir suspendre leurs discussions pour la journée, l’ambiance dans le tribunal a soudainement changé.
Avant même l’entrée du juge, plusieurs avocats se sont regroupés autour de Combs.
L’artiste, vêtu sobrement, aurait été vu essuyant ses yeux, un geste discret mais révélateur de la pression psychologique qu’il subit depuis l’ouverture du procès.
Alors que le juge Subramanian rappelait au jury ses obligations « délibérer dans l’objectif de parvenir à un accord, sans renoncer à ses convictions », Combs est resté debout, les mains dans les poches, droit et silencieux, regardant les jurés quitter la salle.
Prochaine étape : verdict ou procès partiellement annulé ?
La reprise des délibérations est prévue ce mercredi à 9h. Deux options se dessinent : soit le jury parvient à s’entendre sur le chef d’association de malfaiteurs, soit le juge pourrait être contraint de déclarer un “hung jury” (désaccord irréconciliable) sur ce chef précis, ouvrant la voie à un nouveau procès partiel.
Quoi qu’il en soit, le procès de Diddy, initialement déclenché en septembre 2024 et suivi par la planète entière, marque un tournant majeur dans la manière dont les puissants du monde du divertissement sont désormais confrontés à la justice fédérale américaine.
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