Quand le départ de la Cedeao devient un handicap pour les habitants de l'AES

Assimi Goïta / Abdourahamane Tiani / Ibrahim Traoré

Le choix du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter la CEDEAO et de créer l’Alliance des États du Sahel (AES) a été présenté comme une affirmation de souveraineté. Cependant, cette rupture a rapidement montré ses limites, notamment pour les citoyens de ces pays. Le refus des passeports AES par le consulat de France à Bamako illustre parfaitement les conséquences directes de cette décision sur les populations.

Passeports AES : un obstacle aux voyages internationaux

Depuis l’introduction du passeport AES, plusieurs Maliens se retrouvent bloqués dans leurs démarches administratives.

Spécimen passeport AES

Le consulat de France à Bamako refuse systématiquement ces documents pour les demandes de visa, créant une impasse pour de nombreux voyageurs.

Un exemple frappant est celui d’un citoyen malien ayant perdu son passeport CEDEAO, qui contenait un visa français valide.

Après avoir obtenu en urgence un passeport AES, il s’est vu refuser l’utilisation de ce dernier pour poursuivre sa procédure.

Officiellement, Paris ne conteste pas l’existence de ce passeport, mais invoque des raisons administratives.

Selon des sources diplomatiques, le Mali n’aurait pas encore transmis les spécimens de ces nouveaux documents aux représentations étrangères, rendant leur authentification impossible.

Pourtant, le ministre malien de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, avait assuré fin janvier 2025 que toutes les démarches auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) avaient été effectuées et que les ambassades avaient été informées.

Un isolement progressif des citoyens de l’AES

Cette situation met en lumière une réalité préoccupante : l’isolement croissant des citoyens des pays de l’AES sur la scène internationale.

Avant leur départ de la CEDEAO, les Maliens, Nigériens et Burkinabè bénéficiaient d’accords facilitant leurs déplacements et leurs échanges avec d’autres États de la région.

Aujourd’hui, ces avantages disparaissent progressivement, créant un véritable casse-tête pour les voyageurs, les étudiants et les entrepreneurs.

Le refus des passeports AES par la France n’est qu’un exemple parmi d’autres.

L’absence de reconnaissance immédiate de ce document par plusieurs autres pays pourrait restreindre encore davantage les opportunités de mobilité pour les ressortissants de l’AES.

Cette situation affecte particulièrement ceux ayant des urgences médicales, des besoins professionnels ou des impératifs familiaux à l’étranger.

Une rupture aux lourdes conséquences

Si les autorités des pays de l’AES ont défendu leur sortie de la CEDEAO comme une démarche stratégique, force est de constater que les populations en paient le prix fort.

L’intégration régionale offrait des avantages concrets en matière de circulation, d’emploi et de commerce.

Aujourd’hui, l’absence de coordination avec les institutions régionales et internationales entraîne des blocages administratifs qui compliquent le quotidien des citoyens.

Face à cette situation, une solution rapide s’impose. Les gouvernements de l’AES doivent accélérer les démarches pour faire reconnaître officiellement leurs nouveaux documents de voyage.

Sans cela, les populations risquent de subir encore longtemps les effets d’une décision qui, bien que politique, impacte directement leur liberté de mouvement et leurs opportunités à l’international.

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