Rd Congo/coup dur pour Félix Tshisekedi: un partenaire tourne dos au pays

Félix Tshisekedi / Président de la RD Congo

C'est un tournant majeur dans la guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo.

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a officiellement mis fin au mandat de sa mission militaire en République démocratique du Congo (SAMIDRC) et ordonné un retrait progressif de ses troupes.

Cette décision, annoncée lors d’un sommet extraordinaire ce jeudi 13 mars 2025, marque un tournant décisif dans la guerre qui ravage l’Est du pays.

Réunie en urgence, la SADC a exprimé sa « grave préoccupation » face à l’évolution du conflit, notamment après la chute des villes stratégiques de Goma et Bukavu aux mains des rebelles de l’AFC/M23.

L’organisation a souligné l’impact humanitaire désastreux de ces événements, notamment le blocage des principaux axes d’approvisionnement, rendant impossible l’acheminement de l’aide aux populations sinistrées.

Un constat d’échec militaire

Le retrait des troupes de la SADC est avant tout une reconnaissance de l’échec militaire de la mission.

Déployées pour stabiliser la région et appuyer l’armée congolaise contre les groupes armés, les forces sud-africaines, malawiennes et tanzaniennes n’ont pas réussi à inverser la dynamique sur le terrain.

Malgré leur engagement, elles ont subi des pertes humaines et n’ont pas empêché la progression du M23/AFC.

En saluant le courage de ses soldats, la SADC a rendu hommage aux militaires tombés au combat, tout en appelant au respect du droit humanitaire et à la protection des civils.

Toutefois, cette reconnaissance ne masque pas l’amertume d’un engagement militaire qui n’a pas produit les résultats escomptés.

Tshisekedi fragilisé, Kinshasa isolée

Le président congolais, Félix Tshisekedi, a exprimé sa gratitude envers la SADC pour son soutien, mais ce retrait constitue un revers politique majeur pour son gouvernement.

Depuis le début du conflit, Kinshasa comptait sur l’appui militaire des alliés régionaux pour contenir l’avancée du M23/AFC.

L’abandon de cette mission laisse le pouvoir congolais dans une position délicate.

Désormais, Tshisekedi se retrouve face à un dilemme : intensifier la guerre avec les moyens disponibles ou envisager une ouverture diplomatique avec les groupes rebelles.

Or, le sommet de la SADC a insisté sur la nécessité d’une solution politique et diplomatique incluant « toutes les parties prenantes du conflit », une approche qui pourrait contraindre Kinshasa à revoir sa stratégie.

Le spectre d’un nouveau rapport de force

L’un des points cruciaux de cette décision est qu’elle modifie en profondeur le rapport de force sur le terrain.

Sans la SADC, l’armée congolaise perd un appui stratégique important, tandis que l’AFC/M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, consolide ses positions.

Cette évolution pourrait accélérer la recomposition du conflit. La fusion annoncée des processus de paix de Luanda et de Nairobi, ainsi que la récente résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, montrent que la voie diplomatique devient incontournable.

Mais reste à savoir si les rebelles, actuellement en position de force, seront prêts à négocier.

Un tournant historique incertain

La fin de la mission de la SADC ouvre une période de grande incertitude pour la RDC.

En retirant ses troupes, l’organisation laisse le champ libre à une nouvelle dynamique sur le terrain, où le pouvoir congolais doit désormais prouver qu’il peut reprendre le contrôle de la situation sans soutien militaire extérieur.

Si certains y voient une opportunité pour une solution politique, d’autres redoutent un affaiblissement du camp gouvernemental et une montée en puissance du M23/AFC.

Dans tous les cas, ce retrait marque un basculement stratégique qui redéfinit la guerre en RDC et pose une question essentielle : Kinshasa pourra-t-elle inverser la tendance avant qu’il ne soit trop tard ?

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