SÉNÉGAL / MAINTIEN DE LA LISTE DES CANDIDATS : "SALL" TEMPS POUR MACKY ?
- Towanou Johannes
- Feb 21, 2024
- 3 min read
La publication lundi par le Conseil constitutionnel sénégalais d'une liste actualisée des candidats à l'élection présidentielle conforte la récente décision des juges d'annuler le report décrété quelques jours auparavant par Macky Sall.
Cette mise à jour confirme la majorité des candidatures précédemment validées en janvier, à l'exception du retrait de Rose Wardini en raison de sa double nationalité franco-sénégalaise. Cette décision du Conseil constitutionnel intervient dans un contexte de turbulences politiques, marqué par le report de l'élection initialement prévue pour le 25 février.
En rejetant le report de l'élection et en exigeant son organisation dans les meilleurs délais, le Conseil constitutionnel a affirmé sa volonté de préserver la stabilité institutionnelle malgré les défis rencontrés.
Cependant, cette décision soulève également des questions quant à la transparence et à l'équité du processus de validation des candidatures.
Certains acteurs politiques et membres de la société civile ont exprimé des préoccupations quant à d'éventuelles irrégularités dans le processus de sélection des candidats, mettant en doute la légitimité de la liste approuvée par le Conseil constitutionnel.
Dans un contexte marqué par des tensions politiques croissantes et des débats sur la date de l'élection présidentielle, la confirmation des candidatures par le Conseil constitutionnel pourrait raviver les divisions au sein de la société sénégalaise.
Les partisans de différents candidats peuvent interpréter cette décision de manière divergente, ce qui risque d'accentuer les tensions et de polariser davantage le débat politique.
Sortie de la ministre de la Justice ; la preuve de la duplicité de Macky Sall ?
La déclaration mardi de la ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, concernant les libérations de prisonniers, est la première prise de parole officielle depuis l'annulation du report par le conseil constitutionnel.
En annonçant la libération de plusieurs centaines de détenus, la ministre a invoqué une volonté d'apaisement dans un climat de tension et d'incertitude politique.
Cependant, cette mesure a suscité des interrogations et des critiques, notamment en ce qui concerne les critères de sélection des prisonniers libérés.
Libérer des prisonniers, y compris des détenus politiques, soulève des questions concernant le caractère sélectif et l'impartialité du processus de libération.
En particulier, les cas d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, tous deux détenus sans lien direct avec des demandes politiques, suscitent des préoccupations quant à l'utilisation potentielle de la justice à des fins politiques.
La déclaration de la ministre selon laquelle les libérations sont évaluées "au cas par cas" laisse planer des doutes sur la transparence et l'équité du processus de décision.
Dans un contexte de polarisation politique croissante et de débats houleux sur la date de l'élection présidentielle, les libérations de prisonniers ont le potentiel d'influencer le climat politique et social au Sénégal.
Les réactions des différentes parties prenantes à cette décision reflètent les divisions profondes qui traversent la société sénégalaise.
Il est essentiel que les autorités sénégalaises veillent à ce que le processus de libération des prisonniers soit mené de manière transparente et conforme aux principes de l'État de droit, afin de préserver la confiance du public et la stabilité du pays.
Macky Sall a-t-il encore les cartes en main?
Dans ce contexte politique tendu, la responsabilité du président Macky Sall devant l'histoire est d'une importance capitale.
En tant que chef de l'État, il est visiblement confronté à un dilemme : laisser à sa suite un pays en paix et stable ou risquer d'installer un climat d'incertitude et de division.
La manière dont il gère les défis actuels, notamment la crise entourant la date de l'élection présidentielle et les tensions politiques, laissera une empreinte durable sur l'histoire du Sénégal.
Macky Sall a encore la possibilité de prendre des décisions éclairées et responsables qui favorisent la préservation de la démocratie et de l'unité nationale.
Trois sénégalais sont officiellement morts depuis l'annonce du report de l'élection présidentielle. Trois morts de trop dans un pays à la tradition démocratique parmi les plus belles en Afrique de l'Ouest.
En s'engageant dans un dialogue ouvert et inclusif avec l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile, il peut contribuer à apaiser les tensions et à trouver des solutions consensuelles aux défis auxquels le pays est confronté.
Pour cela, il lui faudra se départir de l'appréciation que ses proches font de la décision du conseil constitutionnel afin de convoquer le corps électoral dans un délai raisonnable.
Tout glissement dans les conditions actuelles serait dangereux voire préjudiciable pour le Sénégal. En effet, si le président adopte une gestion autoritaire ou partisane de la crise, cela pourrait aggraver les divisions et compromettre la stabilité politique à long terme.
Sa capacité à faire preuve de leadership et de vision à ce moment critique de l'histoire du Sénégal déterminera son héritage et son impact sur les générations futures.
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