Au Sénégal, les réactions fusent de partout. La question du port du voile dans les établissements scolaires sénégalais a pris une nouvelle tournure après les récentes déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko.
Lors d'une cérémonie en l'honneur des meilleurs élèves, Sonko a affirmé que "l’État n’acceptera plus que les filles qui portent le voile soient récusées dans certaines écoles au Sénégal", ciblant implicitement les écoles catholiques sans les nommer.
Des propos qui ont immédiatement provoqué des réactions passionnées à Dakar.
L’abbé André Latyr Ndiaye a réagi vivement par une lettre ouverte.
Il a conseillé Sonko, qualifié de "jeune politicien nouvellement promu", et a cité un adage latin, "qui bene amat bene castigat" (qui aime bien châtie bien), pour souligner la gravité de la situation.
Ndiaye a rappelé que le président sénégalais, Diomaye Faye, avait été scolarisé dans une école catholique, illustrant l'accueil historique des élèves de diverses confessions dans ces établissements tout en respectant leurs règles internes.
L'ancien Premier ministre Idrissa Seck a également pris position sur Facebook, appelant à l’unité nationale malgré la diversité religieuse du pays et insistant sur l’importance de la cohésion sociale.
Moustapha Guirassy, ministre de l'Éducation nationale, a tenté d'apaiser les tensions en précisant que les propos de Sonko avaient été mal interprétés.
Il a expliqué que Sonko dénonçait l’inégalité des chances pour les élèves souhaitant étudier dans des écoles catholiques qui interdisent le voile, malgré la constitution sénégalaise qui proscrit toute discrimination religieuse.
Le débat sur le voile n’est pas nouveau. En 2019, une vingtaine de jeunes filles voilées avaient été exclues de l'Institut Sainte-Jeanne d'Arc de Dakar pour non-respect de l'exigence de tête découverte.
Bien que cette affaire ait été rapidement résolue, elle continue de soulever des questions sur la compatibilité des règles internes des institutions religieuses avec les principes de laïcité et de non-discrimination du Sénégal.
Le clergé catholique se trouve dans une position délicate, cherchant à équilibrer la préservation de ses traditions avec les demandes croissantes d'égalité et de respect des différences religieuses.
Les réactions des leaders religieux sont donc scrutées de près par la population et les observateurs internationaux.
Cette controverse met en lumière les tensions qui peuvent parfois éclater entre les différentes communautés religieuses au Sénégal, soulignant l'importance d'un dialogue inclusif pour trouver des solutions respectueuses des droits et croyances de chacun.
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