SÉNÉGAL/ REPORT SINE DIE DE LA PRÉSIDENTIELLE : RIPOSTE DE L'OPPOSITION
- Towanou Johannes
- Feb 4, 2024
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Initialement prévue le 25 février prochain, la présidentielle n'aura pas lieu au Sénégal. Le président Macky Sall a annoncé son report sine die, une décision sans précédent depuis 1963 au Sénégal.
En effet, le report est annoncé dans un contexte de tensions croissantes entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Macky Sall a expliqué que le différend entre les deux institutions, lié à une présumée affaire de corruption de juges, ne pouvait être ignoré.
Craignant une nouvelle crise après des troubles meurtriers en 2021 et 2023, le président a annoncé la tenue d'un "dialogue national" pour assurer une élection libre, transparente et inclusive.
Une décision loin de satisfaire la classe politique
La posture de Macky Sall est loin de satisfaire la classe politique dans son ensemble. En effet, le ministre Secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly, frère d’un des deux juges soupçonnés de corruption, a annoncé sa démission du gouvernement. Motif avancé, besoin de recouvrer "sa pleine et entière liberté".
Une posture également loin de satisfaire l'opposition qui n'a pas tardé a réagir.
"Ce n’est pas un report mais une annulation de l’élection tout simplement", a réagi El Malick Ndiaye, ex-porte-parole du Pastef-Les Patriotes, l'ex parti dissous de l’opposant en prison, Ousmane Sonko.
Khalifa Sall, autre principal candidat à la présidentielle, a appelé le pays à "se lever" contre le report du scrutin, dénonçant non pas un report, mais une "annulation de l'élection tout simplement".
Les tensions politiques sont exacerbées par l'exclusion de candidats majeurs, dont Ousmane Sonko et Karim Wade, et les soupçons de corruption pesant sur des juges.
Le Conseil constitutionnel, ayant validé vingt candidatures en janvier, fait face à des accusations d'intégrité remises en question par une commission d'enquête parlementaire lancée par la coalition de Karim Wade.
Cette commission a été approuvée par une partie du camp présidentiel, suscitant des inquiétudes quant à un éventuel plan visant à repousser la présidentielle.
Le Bureau de l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi, proposée par la coalition de Karim Wade, pour un "report de six mois maximum".
Appel des États-Unis à un nouvelle date
Les États-Unis ont exprimé leur profonde préoccupation face à la situation, exhortant les autorités sénégalaises à fixer "rapidement et dans le calme" une nouvelle date pour l'élection présidentielle.
Dans ce climat politique tendu, l'avenir de la démocratie sénégalaise est suspendu à des négociations cruciales et à la recherche d'un consensus pour garantir des élections justes et transparentes.
Le moins qu'on puisse dire, cest que l'incertitude plane sur la direction que prendra le pays dans les mois à venir.
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