Sous couvert de partenariats, l’or africain file tout droit vers ...
- Towanou Johannes
- Sep 13
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Le ministre russe Alexandre Kozlov a annoncé triomphalement que la Russie avait extrait 450 tonnes d’or au premier semestre 2025, contre 313 tonnes sur la même période en 2024.
Moscou prévoit désormais de dépasser les 500 tonnes d’ici la fin de l’année, un record historique.
Officiellement, ces volumes viendraient uniquement des gisements de Sibérie et de Iakoutie.
Mais derrière ces déclarations, une vérité bien plus sombre se cache : une partie essentielle de cet or provient en réalité d’Afrique, via un système opaque d’exploitation minière, de contrebande et de blanchiment orchestré par la Russie depuis plusieurs années.
Wagner et Africa Corps : la machine de prédation
Depuis 2017, les sociétés paramilitaires russes Wagner et son successeur, l’Africa Corps, se sont installées dans plusieurs pays africains.
Officiellement présentées comme des forces de sécurité venues protéger les régimes en place, elles fonctionnent en réalité comme des machines d’extraction économique.
Leur mode opératoire est toujours le même : en échange d’une protection militaire et politique, elles obtiennent le contrôle direct de sites miniers stratégiques.
L’or devient alors la véritable monnaie d’échange. Ce système permet à Moscou de financer son effort de guerre en Ukraine, de contourner les sanctions internationales et de gonfler ses réserves, tout en asphyxiant les économies locales.
Centrafrique : Ndassima, la mine d’or sous tutelle russe
L’exemple le plus emblématique se trouve en Centrafrique, où Wagner contrôle la mine de Ndassima, l’un des plus importants gisements d’or du pays.
Exploitée de manière quasi exclusive par les mercenaires russes, cette seule mine génère jusqu’à 290 millions de dollars par an.
Ces revenus échappent en grande partie au Trésor centrafricain, alimentant directement les réseaux financiers de Moscou.
Officiellement justifiée par une coopération sécuritaire, cette mainmise s’apparente en réalité à une spoliation institutionnalisée des ressources nationales.
Soudan : 2 milliards de dollars envolés chaque année
Au Soudan, le mécanisme est encore plus flagrant. Une raffinerie d’or contrôlée par Moscou sert de point de transit pour des exportations massives opérées dans la clandestinité.
Des enquêtes ont révélé que des avions militaires russes transportent régulièrement des lingots soudanais hors du pays, organisant un trafic transfrontalier bien rôdé.
Résultat : jusqu’à 2 milliards de dollars d’or disparaissent chaque année, échappant totalement aux circuits économiques soudanais.
Ce flux illégal renforce directement la capacité de la Russie à soutenir ses finances publiques et à contourner les sanctions internationales.
Mali : l’or pour financer les mercenaires
Au Mali, la mécanique est tout aussi redoutable. La junte au pouvoir verse environ 10,8 millions de dollars par mois aux mercenaires russes, un financement provenant directement des taxes et impôts prélevés sur le secteur aurifère.
Fin 2023, Bamako a même validé la construction d’une raffinerie d’or sous influence russe, destinée à institutionnaliser ce système de captation.
En pratique, cela signifie que l’or malien ne profite plus prioritairement aux Maliens, mais sert à financer une alliance sécuritaire qui appauvrit encore davantage la population.
Burkina Faso : Nordgold, la filiale russe privilégiée
Au Burkina Faso, le schéma prend une tournure plus officielle. Alors que les autorités de transition retirent des permis miniers à plusieurs compagnies étrangères, la filiale russe Nordgold bénéficie, elle, d’un traitement de faveur.
En avril 2025, le gouvernement lui a octroyé un nouveau permis d’exploitation couvrant 52,8 km², avec un potentiel de 20,22 tonnes d’or sur huit ans.
Ce projet devrait rapporter 89 millions de dollars au budget burkinabè.
Mais au regard des standards mondiaux, cette « contribution » est dérisoire comparée aux bénéfices que Moscou tirera de l’exploitation directe.
Un blanchiment à grande échelle
Depuis 2022, les réseaux russes auraient déjà blanchi plus de 2,5 milliards de dollars d’or africain, soit environ 100 millions de dollars par mois.
L’or issu du Sahel et d’Afrique centrale est acheminé, raffiné puis intégré aux réserves russes comme s’il provenait de gisements nationaux.
Ce mécanisme permet à Moscou de présenter une image trompeuse de sa puissance minière, alors que son essor repose en réalité sur le pillage méthodique des ressources africaines.
Les conséquences pour l’Afrique
Les répercussions de ce système sont désastreuses :
Perte de revenus colossaux : les États africains sont privés de milliards de dollars qui auraient pu financer infrastructures, santé ou éducation.
Économies locales asphyxiées : les populations restent exclues des bénéfices réels de l’exploitation aurifère, alors que les compagnies russes monopolisent le secteur.
Nouvelle dépendance : en se liant à Moscou, plusieurs régimes affaiblissent leur souveraineté économique en échange d’une sécurité militaire illusoire.
Contournement des sanctions internationales : la Russie s’enrichit en se servant de l’Afrique comme base arrière, renforçant son économie au détriment des peuples du continent.









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