Les récentes élections législatives au Togo ont abouti à une victoire écrasante du parti présidentiel, l'Union pour la République (Unir), qui a remporté 108 sièges sur 113, selon les résultats provisoires annoncés par la commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Ce triomphe consolide le pouvoir en place et assure au président Faure Gnassingbé de rester au pouvoir, conformément à une nouvelle Constitution adoptée en avril.
Transition constitutionnelle et contestations
Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, à la suite de son père qui a régenté le pays pendant près de trente-huit ans, Faure Gnassingbé a maintenu une emprise ferme sur le Togo.
La nouvelle Constitution, adoptée en avril, a transformé le système politique togolais d'un régime présidentiel à un régime parlementaire, octroyant ainsi davantage de pouvoir au président du conseil des ministres, automatiquement le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale, actuellement Faure Gnassingbé.
Cependant, cette réforme constitutionnelle a été fortement contestée par l'opposition togolaise et des organisations de la société civile, qui dénoncent un "coup d'État institutionnel" visant à maintenir le président Gnassingbé au pouvoir indéfiniment.
Selon l'ancienne Constitution, le président Gnassingbé aurait été limité à un seul mandat supplémentaire en 2025. Mais l'abolition du suffrage direct pour l'élection du chef de l'État permet désormais une reconduction sans limitation de mandats tant que son parti remporte les élections législatives.
Contestations et irrégularités
Les critiques de l'opposition soulignent également le manque de transparence et les irrégularités observées lors du scrutin, telles qu'un nombre insuffisant d'observateurs déployés dans tout le pays et des problèmes logistiques dans certains bureaux de vote.
Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais (opposition), a exprimé sa déception quant à la validation des élections par les organisations internationales, déplorant le déploiement limité d'observateurs et qualifiant les élections de frauduleuses.
Réaction de l'opposition
La Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), regroupement de partis politiques de l'opposition et d'organisations de la société civile, a déclaré avoir constaté un nombre anormal de votes dans plusieurs centres de vote, des retards dans le démarrage du vote et des listes électorales non affichées.
En avril, treize partis politiques et organisations de la société civile ont déposé un recours devant la Cour de justice de la Cedeao pour demander le retrait de la nouvelle Constitution.
Pistes de sortie de crise
Pour sortir de ce schéma de contestations électorales et de manque de confiance dans le processus démocratique, il est impératif que les autorités togolaises s'engagent à renforcer la transparence et l'intégrité des élections.
Cela pourrait passer par un dialogue inclusif avec l'opposition et la société civile en vue de garantir des conditions équitables pour tous les acteurs politiques.
Il est également crucial d'accroître la présence d'observateurs nationaux et internationaux indépendants lors des scrutins afin de surveiller le déroulement des élections de manière impartiale.
En parallèle, des réformes législatives visant à promouvoir la séparation des pouvoirs et à renforcer les mécanismes de contrôle et de reddition de comptes pourraient contribuer à consolider la démocratie au Togo.
Enfin, un dialogue politique sincère et constructif entre toutes les parties prenantes est essentiel pour trouver des solutions durables et apaiser les tensions politiques, ouvrant ainsi la voie à un véritable épanouissement démocratique dans le pays.
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