Togo: face à la fronde, le régime Faure Gnassingbé recule
- Towanou Johannes
- 2 days ago
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Lomé se lève, le régime cède. Dans la nuit du 5 au 6 juin 2025, des centaines de jeunes togolais ont déferlé dans les rues de Lomé, pour protester contre l’arrestation musclée du rappeur Aamron et la flambée du prix de l’électricité. Ce mouvement spontané et massif a secoué le cœur du pouvoir togolais, qui a dû, sous la pression, annoncer un premier recul.
Une mobilisation citoyenne qui gagne du terrain
Partie d’Akodésséwa, la manifestation s’est étendue jusqu’à Dékon en passant par Bè Kpoté, le marché de Bè et la Colombe de la paix.
Les protestataires, pour la plupart jeunes et organisés, ont exprimé leur colère sans violence, malgré quelques échauffourées ponctuelles.
« Nous sommes sortis massivement pour revendiquer nos droits », a déclaré un manifestant.
À certains endroits, quelques jeunes ont lancé des pierres, mais les policiers ont répondu sans brutalité, a ajouté un autre.
L’activiste Folly Satchivi, figure bien connue des luttes citoyennes, a participé à la marche.
De retour sur le terrain, il a lancé un appel à l’unité et à la mobilisation :
« Quiconque souhaite également lutter pour son pays peut nous rejoindre dans cette lutte. Nous sommes unis pour la liberté de ce pays », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux.
L’affaire Aamron, symbole d’une jeunesse bâillonnée
Le 26 mai dernier, le rappeur Aamron, critique virulent du régime, est arrêté en pleine nuit devant sa famille.

Conduit dans une unité militaire, il y aurait été torturé avant d’être interné de force au centre psychiatrique de Zébé, officiellement pour « dépression aggravée ». Il y aurait reçu des injections dont la nature reste inconnue.
Le 5 juin, dans une vidéo diffusée en boucle, Aamron apparaît affaibli, demandant pardon au président Faure Gnassingbé et vantant son hospitalisation.
La société civile y voit un discours imposé, fruit de violences psychologiques.
« On tente encore une fois de briser un esprit libre, mais le peuple ne s’y trompe pas », dénonce un collectif citoyen.
Le gouvernement plie sous la pression
Dans un contexte social tendu, le gouvernement a reculé. Le 6 juin, la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET) a publié un communiqué officiel annonçant la suspension du prélèvement unique des frais fixes sur les achats de crédits Cash Power, et ce, depuis le 28 mai.
« Un mécanisme de perception plus avantageux pour les abonnés est à l’étude », précise la CEET.
La mesure concerne notamment les 230 000 foyers modestes qui bénéficient déjà d’un tarif réduit depuis décembre 2024.
Le gouvernement, critiqué pour une réforme brutale appliquée le 15 mai, tente de reprendre la main.
Santrinos Raphaël salue la décision
Le célèbre artiste togolais Santrinos Raphaël, très suivi sur les réseaux sociaux et considéré comme la voix du peuple, a réagi dans une publication datant de ce vendredi matin.

Il a salué la décision gouvernementale :
« Les frais fixes pour les achats de crédit d’électricité ont été suspendus. Merci à nos Autorités de nous avoir écouté. Une décision qui soulage des milliers de foyers. »
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