
Face à une crise démographique sans précédent, la Corée du Sud, pays au taux de natalité le plus faible au monde, prend des mesures inédites pour inverser la tendance. Avec un taux de fécondité de moins d’un enfant par femme, la population pourrait chuter de moitié d’ici 2100 si rien n'est fait. Le gouvernement cherche à faciliter l’accès à des services de garde d'enfants, en recrutant des nounous venues de l’étranger.
L'arrivée de nounous étrangères pour soutenir les familles
Pour combler le manque criant de personnel dans le secteur de la garde d’enfants, Séoul mise sur le recrutement de nounous venues de pays partenaires, notamment des Philippines.
Un millier de baby-sitters devraient être accueillies d'ici 2025, avec l'objectif de soulager les familles sud-coréennes, souvent confrontées à des structures d’accueil surchargées et à des tarifs prohibitifs.
Ce programme est vu comme un soutien crucial pour les parents, notamment les mères, qui peinent à concilier carrière et parentalité.
Un défi pour les mères et la société
Le poids de la parentalité est tel que de nombreuses Sud-Coréennes hésitent à avoir des enfants, préférant parfois renoncer à la maternité pour se concentrer sur leur carrière.
Une enquête récente montre que 60% des femmes âgées de 25 à 45 ans ne souhaitent pas d’enfants, en raison des contraintes économiques et de la pression professionnelle.
Cette réticence constitue un défi majeur dans une société qui valorise encore fortement le modèle familial traditionnel.
Coûts élevés et critiques sociales
Cependant, l’idée d’importer de la main-d'œuvre étrangère pour la garde d'enfants n’est pas sans soulever des interrogations.
Le coût des services des nounous étrangères, avoisinant 1600 euros par mois, est jugé prohibitif pour la majorité des ménages. Seules les familles les plus aisées pourront y avoir accès, renforçant ainsi les inégalités sociales.
Cette situation soulève un autre problème de fond : l'accès équitable à la parentalité.
Un programme parmi d’autres initiatives
Ce recours aux nounous étrangères s'inscrit dans une stratégie plus large de soutien aux familles, déployée depuis 2006. Malgré des investissements massifs de près de 200 milliards d'euros, les résultats tardent à se concrétiser.
Les experts appellent à des réformes plus structurelles : réduire les horaires de travail, renforcer les aides sociales et promouvoir l’égalité des sexes. La relance de la natalité ne pourra se faire qu’en réinventant profondément les politiques familiales et professionnelles.
Ainsi, bien que cette initiative apporte une aide précieuse, elle ne suffit pas à elle seule pour freiner le déclin démographique en Corée du Sud. Des efforts supplémentaires, plus profonds et plus inclusifs, seront nécessaires pour encourager durablement les naissances.
Kévin TCHEDE (stagiaire)
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