Le samedi 5 juillet 2025 marque un tournant historique pour le Gabon. Au palais des sports de Libreville, devant des milliers de partisans enthousiastes, Brice Clotaire Oligui Nguema a lancé officiellement son propre parti politique : l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB). Ce moment, présenté comme l’aboutissement d’une volonté de transformation profonde, vient ancrer davantage l’ancien général devenu président élu dans la vie politique nationale, désormais sous les couleurs d’un parti qu’il souhaite "réformateur et ouvert".
Rompre avec un demi-siècle de monopole politique
Dans sa déclaration liminaire, l’UDB s’affiche comme "le fer de lance d’un pluralisme démocratique renouvelé", rompant explicitement avec les cinquante années de domination quasi sans partage du Parti Démocratique Gabonais (PDG).
L’objectif affiché est clair, reconstruire le contrat social gabonais à partir des aspirations populaires exprimées après la chute d’Ali Bongo en 2023.
Le manifeste du parti parle de "victoire présidentielle brillante" pour qualifier l’élection d’Oligui en avril dernier, où il a obtenu 94,85 % des suffrages.
La devise du nouveau parti – inclusivité, développement, félicité – sonne comme une promesse de réconciliation et de progrès.
Une volonté affichée de rompre avec l’ancien système
S’exprimant avec fermeté devant une foule conquise, Brice Oligui Nguema a pris ses distances avec les pratiques anciennes :
"Le pays a vécu 50 ans de politiques durant lesquelles des chefs ont instrumentalisé leur parti politique. Je ne voudrais embrigader personne", a-t-il martelé.
Il rejette l’idée d’un parti électoraliste ou d’un appareil de pouvoir destiné à servir uniquement les intérêts du chef.
Pour Oligui, l’UDB ne sera pas un outil de confiscation du pouvoir, mais un levier de transformation.
Il affirme vouloir une politique plus inclusive, plus moderne, et plus proche des aspirations citoyennes.
L’innovation des primaires, une promesse d’ouverture
Dans un geste rare en Afrique centrale, le président gabonais a annoncé la mise en place de primaires internes pour la désignation des candidats de l’UDB.
Une démarche qui se veut en phase avec les partis politiques les plus avancés dans le monde.
"Le dernier mot reviendra à la base", a-t-il insisté, soulignant la volonté d’instaurer une légitimité ascendante plutôt qu’imposée.
Si cette promesse est tenue, elle pourrait inaugurer une ère nouvelle de démocratie interne et de compétition politique plus saine au sein du pays.
Un renouveau réel ou un recyclage habile ?
Malgré l’enthousiasme affiché lors du lancement, certaines voix plus critiques rappellent que plusieurs figures présentes à l’événement sont issues de l’ancien système.
Des membres du gouvernement et d’anciens cadres du régime Bongo ont assisté à la cérémonie, nourrissant une interrogation.
Ce nouveau parti est-il véritablement un outil de rupture, ou bien une reconversion habile des élites anciennes dans une structure rebaptisée ?
La prudence s’impose, et de nombreux Gabonais attendront les actes plus que les discours pour juger de la sincérité du projet.
Une nouvelle ère à construire pas à pas
Avec l’Union Démocratique des Bâtisseurs, Brice Oligui Nguema entame une nouvelle étape de son projet présidentiel, désormais adossé à une structure politique dédiée.
Le symbole est fort, mais le défi est immense. Il s’agira non seulement de redonner confiance à une population longtemps tenue à l’écart des centres de décision, mais aussi de démontrer que l’UDB n’est pas un PDG bis, travesti sous un nouveau nom.
Le Gabon, après des décennies de verrouillage politique, semble entrevoir un souffle nouveau.
Mais encore faudra-t-il que les promesses de modernité, de pluralisme et de démocratie ne restent pas lettres mortes. La page est ouverte, mais l’histoire reste à écrire.
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