Bénin : l'étau se resserre autour de l'ex-ministre Paulin Akponna
- Towanou Johannes
- Jul 7
- 3 min read

Ce vendredi 4 juillet 2025, l’Assemblée nationale du Bénin a adopté à la majorité une résolution parlementaire n°2025-01 créant une commission d’enquête chargée de contrôler l’utilisation des fonds alloués à la fourniture d’eau potable et d’électricité dans la commune de Parakou, entre 2016 et 2025. Cette initiative est née des déclarations incendiaires de l’ex-ministre Paulin Akponna, et a été portée par les députés du parti d’opposition “Les Démocrates”.
Une initiative de l’opposition face à des accusations explosives
Tout est parti des propos tenus par Paulin Akponna lors d’une sortie publique à Titirou (Parakou), le 21 juin dernier.
L’ancien ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, fraîchement limogé, y avait déclaré :
« Après autant de mobilisation de ressources par le gouvernement du Président Patrice Talon au profit du ministère de l’Énergie, de l’Eau et des Mines de 2016 à ce jour, je crois que nous avons eu affaire à des siphonneurs du budget national portant sur des dizaines de milliards… Ces siphonneurs en divagation devront tôt ou tard répondre de leur gestion… délinquant de la République… politicien véreux sans foi ni loi… commerçant politique… avec des ambitions démesurées… »
Ces propos ont immédiatement provoqué un séisme politique.
Samou Seidou Adambi, prédécesseur d’Akponna, a porté plainte pour diffamation, et une citation directe lui a été signifiée par huissier dès le 27 juin 2025. L’audience est prévue pour le 16 juillet.
La réponse institutionnelle : commission parlementaire et enquête du Haut Commissariat
Dans ce climat de tension, ce sont Les Démocrates qui ont saisi l’occasion pour déposer une proposition de résolution à l’Assemblée nationale.
Leur objectif : vérifier la véracité des allégations et s’assurer de la transparence dans la gestion des milliards injectés dans les projets d’eau et d’électricité à Parakou.
Une proposition qui a finalement été adoptée en plénière. La commission d’enquête parlementaire, composée de 10 membres, est répartie entre les groupes politiques comme suit :
4 sièges pour l’Union Progressiste le Renouveau (UPR),
3 sièges pour le Bloc Républicain (BR),
3 sièges pour Les Démocrates (LD).
Un bureau de 5 membres sera élu en leur sein, chargé de piloter les travaux.
La commission aura pour missions :
de contrôler l’utilisation effective des ressources allouées,
de vérifier la régularité des appels d’offres et des avenants,
de mener des expertises techniques et financières sur les infrastructures existantes,
et de formuler des recommandations pour améliorer la gestion des secteurs concernés.
Les députés disposent d’un délai de trois mois, renouvelable une seule fois pour un mois, pour déposer leur rapport.
En parallèle, le Haut Commissariat à la Prévention de la Corruption (HCPC) a lui aussi ouvert une enquête indépendante sur les supposés détournements de fonds publics.
Un double regard institutionnel sur une affaire explosive.
Des excuses publiques qui n’effacent pas la faute
Conscient de la gravité de ses déclarations, Paulin Akponna a publié un communiqué dans lequel il reconnaît avoir franchi la ligne rouge :
« À y regarder de près, je m’aperçois d’une véritable erreur de communication si ce n’est une faute politique gravissime. Mes propos ont jeté un doute sur la sincérité de l’action gouvernementale et nourrissent des polémiques et divisions inutiles. J’en suis peiné et atterré. Ma pédagogie de piètre profane politique a péché par des exemples inappropriés et auto-accusateurs de l’équipe à laquelle j’appartenais. »
« Je viens publiquement ici présenter mes sincères excuses à mon prédécesseur M. S. Adambi par rapport aux propos incriminés qui ont pu laisser supposer un seul instant son implication dans un cas de corruption et/ou de malversation. Mes excuses vont également au Président de la République et à tout son gouvernement. »









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