Bénin : Me Renaud Agbodjo envoie un message à Romuald Wadagni et Michel Sodjinou

Me Renaud Agbadi

La scène politique béninoise vient de connaître un nouveau rebondissement.

Me Renaud Agbodjo, ancien candidat désigné du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle de 2026, a officiellement annoncé son retrait de la vie politique.

Dans une déclaration solennelle diffusée ce mardi 28 octobre 2025, l’avocat et homme politique a livré un message à la fois empreint d’amertume, de lucidité et de dignité.

Ceci, après le rejet de sa candidature par la Cour constitutionnelle.

Une décision qu’il qualifie de « malheureuse et dommageable »

Me Agbodjo a ouvert sa déclaration en reconnaissant sa profonde déception face au verdict de la Cour constitutionnelle, qui a invalidé sa candidature et celle de M. Lodjou à la suite d’un recours lié au processus de parrainage interne au parti.

« C’est une décision malheureuse et dommageable, car j’ai été victime de dysfonctionnements internes à mon parti politique et d’adversité globale », a-t-il affirmé.

Connu pour son attachement au droit et à la légalité, l’avocat dit s’être résigné à « prendre acte » de cette décision.

Ceci, non sans rappeler la gravité des irrégularités qui ont, selon lui, entaché la procédure interne de sélection du candidat du parti Les Démocrates.

Une reconnaissance envers ses soutiens et Boni Yayi

Malgré le coup dur, Me Agbodjo a tenu à exprimer sa reconnaissance à ses partisans et à ceux qui ont cru en lui.

« J’ai été particulièrement marqué par toute la ferveur et la liesse populaire que ma désignation en qualité de candidat du Parti Les Démocrates à la prochaine élection présidentielle a suscitée. Je vous en suis profondément reconnaissant. »

Il a également salué la confiance placée en lui par le président du parti, l’ancien chef d’État Thomas Boni Yayi, tout en déplorant que « ce coup d’essai n’ait pu se transformer en coup de maître ».

« Nous connaissons tous les raisons internes au Parti qui ont eu pour corollaire le rejet de ma candidature par la CENA », a-t-il ajouté, soulignant ainsi les divisions et dysfonctionnements internes qui ont fragilisé la formation politique de l’opposition.»

Un message d’apaisement et de paix

Alors que le climat politique reste tendu, Me Agbodjo a lancé un appel à la sérénité et à la non-violence.

Fidèle à sa foi chrétienne, il a déclaré :

« Je n’éprouve aucune rancune ni aucun ressentiment à l’égard de qui que ce soit, notamment l’honorable Michel Sodjinou, à qui j’exprime mes remerciements. J’invite donc le peuple béninois à en faire de même et à ne poser aucun acte de violence ou de représailles afin de préserver la paix sociale et la concorde. »

Il a insisté sur la nécessité de privilégier le dialogue et la cohésion nationale.

Pour le désormais ancien candidat du parti Les Démocrates, cette crise politique doit servir de leçon collective.

« Nous devons préserver la paix et utiliser toutes les voies de dialogue possibles pour le règlement de nos différends. »

Un retrait de la vie politique « après mûre réflexion »

Dans un passage chargé d’émotion, Me Agbodjo a annoncé son retrait de la vie politique, au moins temporairement, afin de se recentrer sur sa vie personnelle et professionnelle.

« Je pense, après mûre réflexion, qu’il est peut-être temps de faire une pause. Je voudrais donc annoncer à la nation béninoise mon retrait de la vie politique pour quelques temps, afin de me consacrer davantage à ma famille, à mon cabinet et à mes proches. »

Ce départ, qu’il qualifie de « décision extrêmement difficile mais longuement réfléchie », marque un tournant dans la trajectoire de celui qui incarnait une figure montante de la jeune génération politique béninoise.

Un dernier message d’unité et d’espérance

Avant de clore son intervention, Me Agbodjo a adressé un message particulier aux candidats encore en lice pour l’élection présidentielle du 12 avril 2026, en ciblant notamment l’un des favoris :

« Monsieur le ministre d’État Romuald Wadagni, votre responsabilité dans la conduite de la destinée du Bénin sera grande. Vous êtes brillant et compétent, c’est un secret de Polichinelle. Mais le peuple béninois est attaché à la liberté, à la justice sociale et à la réconciliation de tous ses fils privés de liberté ou contraints à l’exil. »

Il a conclu en appelant à une véritable réconciliation nationale :

« Je vous exhorte, en cas de victoire, à mettre tout en œuvre afin de réunir toutes les sensibilités politiques, économiques et sociales autour d’une même table, pour une réconciliation franche, sincère et pour le bonheur des Béninois. Que Dieu bénisse le Bénin. »

Une sortie digne et politique

En se retirant avec élégance et mesure, Me Renaud Agbodjo laisse derrière lui l’image d’un homme blessé par les luttes internes de son parti, mais déterminé à préserver sa dignité.

Son discours, équilibré entre lucidité et apaisement, apparaît comme un plaidoyer pour une autre manière de faire de la politique au Bénin.

Une politique loin des calculs partisans, des manipulations et des ambitions personnelles.

Cette sortie publique marque peut-être la fin d’un chapitre, mais elle pourrait aussi constituer le point de départ d’une future renaissance politique.

Car, comme il l’a rappelé implicitement, « le destin du Bénin ne saurait être confisqué par quelques-uns ».