Bénin/présidentielle : Adrien Houngbédji accouche enfin de son choix
- Towanou Johannes
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À moins de six mois de la présidentielle d’avril 2026, le paysage politique béninois continue de se redessiner au rythme des alliances et des prises de position.
Après plusieurs semaines de silence et de spéculations, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, a pris la parole à Porto-Novo, le 28 octobre 2025.
Ceci, pour apporter un soutien officiel à la candidature de Romuald Wadagni.
Cette décision fait suite à sa première sortie publique depuis Toronto, au Canada, où il avait appelé à la prudence et au respect d’un processus collectif avant de trancher.
Toronto : recadrer les rumeurs et rappeler les valeurs
Depuis Toronto, le 19 septembre 2025, Adrien Houngbédji avait rompu le silence pour mettre fin aux spéculations selon lesquelles il aurait déjà choisi de soutenir Romuald Wadagni.
Il avait alors insisté :
« L’empathie pour une personne est une chose ; l’engagement politique aux côtés de cette personne en est une autre. »
Dans cette déclaration, il rappelait que l’élection présidentielle engage « le destin d’un peuple ».
Ainsi, tout choix politique devait se faire collectivement et en accord avec les militants :
« Je ne suis pas un homme seul qui décide seul de tout. Ce courant politique a des militants et des sympathisants. Le combat que je mène et le calvaire que j’endure sont aussi leur combat et leur calvaire. »
Cette posture avait alors maintenu le suspense et montré sa volonté de placer la concertation et les valeurs au-dessus des pressions ou des affinités personnelles.
Porto-Novo : le soutien officiel à Wadagni
Un mois plus tard, à Porto-Novo, Me Adrien Houngbédji a franchi le pas et apporté un soutien clair et réfléchi à Romuald Wadagni.
Pour lui, ce dernier est le candidat le plus qualifié pour poursuivre les transformations engagées dans le pays.
Il a commencé par rappeler l’importance du respect des institutions et de la décision de la Cour constitutionnelle :
« Les institutions en charge du processus électoral, la CENA et, à sa suite, la Cour constitutionnelle, viennent de désigner les deux duos admis à concourir à la prochaine élection présidentielle. La décision EP 25-007 du 27 octobre 2025 de la Cour constitutionnelle est sans recours. Elle s'impose à tous, et chacun se doit de la respecter. »
Il a ensuite souligné le caractère reporté, mais non perdu, de l’opportunité pour le parti Les Démocrates et pour la jeune génération :
« L'avenir appartient aux jeunes. Le temps qui sépare deux élections présidentielles n’est que de cinq ans. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »
Il a encouragé à la sérénité et à la responsabilité face à la frustration ou aux tensions :
« Je voudrais dire à l'endroit de ceux qui se sentent frustrés que, lorsque la jarre vient à tomber de la tête du porteur, ce n'est pas à l'endroit où elle s'est brisée qu'il faut en chercher la cause, mais plutôt à l'endroit où l'on a trébuché. La frustration ne saurait donc justifier des postures ou comportements nuisibles à la paix. »
Et il a salué la posture responsable de Me Agbodjo, dont la déclaration a été jugée exemplaire.
L’expérience et la continuité comme critères de choix
Adrien Houngbédji a affirmé que Romuald Wadagni est « indiscutablement le plus qualifié pour occuper la fonction présidentielle » :
« Il a servi son pays dix ans durant, et sans discontinuer, aux côtés du Chef de l'État, le Président Patrice Talon. Plus que tout autre encore, il peut être crédité d'avoir joué un rôle important, voire décisif, dans la réalisation des objectifs de développement que ce dernier s'est fixés. »
Il a assuré le ministre de son soutien actif pour la campagne à venir et exprimé le vœu que Wadagni devienne un Président « de tous les Béninois ».
Cela implique d'œuvrer à la réconciliation et au relèvement des conditions de vie de la population.
Démocratie et vigilance face aux dérives
Dans la déclaration, Adrien Houngbédji a également insisté sur le rôle du futur Président dans la consolidation des valeurs démocratiques héritées de la Conférence nationale :
« Comme tous ceux de sa génération, il est un héritier de la Conférence nationale et de tous les combats et sacrifices qui ont ouvert une ère de liberté dans notre pays. Il accédera aux responsabilités suprêmes dans un temps où, un peu partout en Afrique et dans le monde, les valeurs véhiculées par la Conférence nationale sont en régression, de plus en plus supplantées par l'autoritarisme. Je forme le vœu qu'il résiste à cette tentation et qu'au contraire, il consolide l'ancrage de notre pays dans la démocratie et l'État de droit. »
Entre lucidité et engagement : un positionnement stratégique
Entre la prudence affichée depuis Toronto et le soutien officiel à Porto-Novo, Adrien Houngbédji illustre un équilibre entre expérience politique et sens de l’État.
Sa prise de position dépasse le cadre d’un simple appui personnel et souligne l’importance de la réflexion collective, du respect des institutions et de la continuité des valeurs démocratiques.
En confirmant son soutien à Romuald Wadagni, il envoie un message clair à la classe politique et à l’opinion publique.
Celui d'un leadership responsable repose autant sur la compétence que sur la capacité à unir et à anticiper les défis nationaux.
Cette démarche traduit à la fois une stratégie de prudence et une volonté de guider les nouvelles générations dans l’exercice d’un pouvoir éclairé et respectueux de l’État de droit.





