Côte d'Ivoire: l'ordre des avocats tire la sonnette d'alarme et prévient
- Towanou Johannes
- May 2
- 3 min read

Dans une déclaration solennelle, le Barreau de Côte d’Ivoire appelle à une paix durable fondée sur le respect du droit, face aux tensions grandissantes à l’approche de la présidentielle de 2025. Une parole rare et ferme, qui résonne comme un avertissement.
À l’approche du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre 2025, le Barreau de Côte d’Ivoire brise le silence.
Par la voix de son Ordre, il livre un message fort : la paix véritable ne saurait reposer sur des arrangements politiques ou des discours de façade, mais uniquement sur le respect strict du droit.
« Le droit est le fondement incontournable d'une paix véritable et pérenne », affirme le Barreau avec fermeté.
Un passé électoral lourd de sang et d’amertume
Dans cette déclaration, les avocats ivoiriens n’ont pas éludé les blessures profondes de l’histoire récente du pays.
Ils rappellent les crises postélectorales successives, 1995, 2000, 2010, 2020, et les milliers de vies fauchées dans les violences qui ont jalonné les scrutins.
« Il est important de se souvenir de la remise en cause de la nationalité de certains acteurs politiques, du rejet de la candidature de leaders, des violences qui ont suivi les élections, notamment la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait au moins 3 000 morts. »
Ce rappel tragique n’est pas gratuit. Il vise à souligner que les mêmes causes produisent les mêmes effets, et que les signes de tensions actuelles doivent être pris au sérieux.
Des pratiques inquiétantes pointées du doigt
Le Barreau de Côte d’Ivoire n’hésite pas à dresser un constat alarmant de la situation actuelle.
Il cite entre autres, la contestation de la liste électorale, la polémiques autour de l’organe électoral, les arrestations nocturnes de citoyens en violation des règles de procédure.
Aussi le barreau rappel t'il les menaces sur la liberté syndicale, le retour de nombreux acteurs politiques devant les tribunaux…
« La justice ne doit pas être un théâtre d’ombre où se jouent des luttes de pouvoir. Elle doit demeurer le rempart des libertés et le garant de l’égalité devant la loi. »
Ce passage vise clairement à rappeler aux magistrats leur devoir de neutralité et à dénoncer toute instrumentalisation politique de la justice.
Un plaidoyer pour la réconciliation et la neutralité judiciaire
Face à ces dérives, le Barreau propose une ligne claire : le retour aux fondamentaux du droit et de la justice impartiale.
Il appelle à encadrer le débat public, à prévenir la haine dans l’espace politique et médiatique, et à privilégier des mécanismes juridiques apaisés comme la médiation, l’arbitrage et le dialogue politique.
« L’indépendance de la justice est une condition sine qua non de l’électorat de droit consacré par la Constitution. »
Le message est sans ambiguïté : il ne peut y avoir d’élection crédible, ni de démocratie solide, sans justice indépendante et sans égalité devant la loi.
Un appel à la vigilance citoyenne et à la responsabilité des institutions
Dans un pays où, selon le Barreau, les "plaies du passé appellent encore à la vigilance", il est impératif que le droit soit la boussole pour chaque acteur.
Ceci, sans distinction d’origine, de religion ou d’appartenance politique. Car si le droit est affaibli, c’est la paix elle-même qui vacille.
« La paix doit se faire par l’égalité de tous devant la loi et l’égale protection de tous par la loi. »
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